Paroxysme.
Pourquoi le conflit explose-t-il au maximum de la reconnaissance du
projet des élus métropolitains ?
Benchmarking.
Ranking.
Un grand label européen.
Des certifications.
Des hochets nombreux.
Une forte croissance démographique.
Du migratoire avec des ronds et des diplômes.
De la presse aux parfums de publi-reportage.
Une image de tolérance préservée à coups de colloques « droits
de l’homme » et de rodomontades identitaires à deux francs.
Un franc pour l’humanité, un franc pour la fermeté.
Le patron nommé premier ministre.
Le gouvernement par les honneurs.
Une management prusso-napoléonien.
Côté obscur.
Gentrification du centre de l’agglomération.
Et même à tous les étages de la fusée, en l’absence d'une
réponse politique suffisante à la croissance, formation d’une
bulle immobilière remarquable. La raréfaction des logements très
bon marché.
La ville créative, la ville où il fait bon vivre, la ville des
magazines est de plus en plus chère.
La précarité y explose tout autant.
Sourires aux lèvres, quelque chose de l’extorsion de fonds court
dans le projet métropolitain.
La croissance, tout le monde la paye.
La violence, aussi.
Le clientélisme aussi.
La première classe affiche complet.
Mais quand même, c’était bien, non.
Pourquoi un conflit d’une telle intensité à l’acmé du grand
projet métropolitain ?
Hypothèses.
Une crise de la représentativité.
Les élus métropolitains s’appuient sur une dynamique de
légitimité représentative. Celle-ci a été construite sur la
durée. En quarante ans, le changement social dans l’ouest a amené
au pouvoir des majorités de gauche plurielle dirigées par des
socialistes. En 2013, dans le territoire de référence, la quasi
totalité des exécutifs sont contrôlés par le parti socialiste. Du
sol au plafond, l’emprise est totale. Le développement de l’action
publique dans tous les domaines a fait des villes et de la métropole
les partenaires d’abord utiles, puis indispensables des nombreux
projets des acteurs locaux. Progressivement, l’action publique,
d’abord disponible, est devenu envahissante. Car les succès
initiaux ou apparents dans de nombreux domaines ont nourri une
légitimité sans contre-pouvoirs significatifs. Oppositions
absorbées ou réduites. Artistes, corps intermédiaires et leaders
d’opinion circonvenus, médias sous haute pression. Là aussi,
gouvernement par les honneurs, et plus encore par les appels à
projets incessants. Affectation de nombreux citoyens sincères dans
la démocratie dite participative, chef d'œuvre du contrôle social.
Euphorie collective sur prescription métropolitaine.
La légitimité issue des urnes, comme de la boucle de communication
publique, invasive, répétitive et bientôt grotesque dans son
autosuffisance macabre et son pathos de synthèse, atteint une
limite.
Contre-pouvoirs défaits.
Médias sous contrôle.
Prolifération des instances de démocratie dite participative, le
plus souvent dépourvues de tout effet autre qu’occupationnel.
Et communicationnel.
L’expression de la diversité s’effectue à ce point de
l’histoire, en dehors de la représentation politique ou
institutionnelle de la métropole. En maîtrisant la totalité du
spectre politique formel, l’équipe métropolitaine, en dépit de
sa désignation indirecte, prend imprudemment le risque
d’invisibiliser les acteurs différents d’elle-même ou ceux qui
sont simplement indépendants.
Ceux qui n’adhèrent pas au parti-métropole.
Une crise de l’abus de pouvoir.
Une crise de la servilité.
Une crise narcissique.
Pourtant d’autres légitimités existent.
Les légitimités fonctionnelles sont celles des habitants et
usagers, des spécialistes formels ou non. La place de la jeunesse,
scolarisée jusqu’à la lie, la construction de son immaturité,
sont les feux de bengale d’une société racornie et d'une classe
politique interminable. La classe politique locale n’est
ici en rien différente dans son rapport à la chose publique.
Le pouvoir s’y entend radical.
Sans partage.
Seule la qualité et la couleur du velours change.
En 2013, il est vert sur ordonnance.
Coluche.
Je me marre.
Pour une année, man.
En 2014, c'est l'année mondiale de l'agriculture familiale.
Et le 2 février, c'est la journée internationale des zones humides
et de l'agriculture familiale. Ne riez pas, lisez ici.
Pour cette grande fête, il se raconte que le maire de Nantes a commandé 200 000 épuisettes
pour faire une grande chasse nocturne suivie d'un banquet de cuisses de grenouilles sous les nefs. Nantes Métropole fournira les discours,
Sodexo et les cantines du Nouvel Âge, le beurre et l'argent du beurre, les partenaires
associatifs, les seaux.
L'ail sera récupéré par les bénévoles dans les poubelles des
hypermarchés sous protection de la police d'État.
Captain Frog n'a qu'à bien se tenir.
Peace Frog.
Dans ce contexte, l’opposition au projet d’aéroport constitue
une forme d’opposition, hors de la sphère
représentative, à la puissance du parti des passions tristes.
Le pas de côté pour éviter le rouleau compresseur mental.
Il est ce qui permet de reprendre la parole.
Pour beaucoup, la plupart d'entre nous, ce n’est pas facile à
faire.
En poussant à peine le trait, nous disons qu’à un certain moment, il n’y
a plus de collectivité et de parti.
La collectivité, c’est le parti.
Entretien avec le maire de Nantes, journal Presse-Océan, 6 mars
2008.
- Le « système Ayrault » qui cumule mairie, CUN, SEM et autres
satellites, existe-t-il ? Y a-t-il des contre-pouvoirs ?
- Des contre-pouvoirs, on en a construit et on va en construire
d'autres. La règle du jeu sera toute nouvelle. Je récuse la notion
de système mais je revendique la méthode. Je suis un maire
fédérateur de tous les projets nantais. Je dois voir loin,
anticiper et agir près. Je suis aussi animateur d'une équipe, je
sais faire confiance. Cela nécessite un rôle d'arbitrage, une
autorité. Je n'ai pas peur de dire que je suis un patron. Mais je
parle avec tout le monde.
Nantes Nécropole.
Nantes Métropole est un parti, car le parti socialiste a disparu
depuis longtemps.
Des abonnés et des clients à défaut de militants.
Le parti-métropole contrôle et distribue les places dans la ville
attractive.
Il fédère tous les projets des acteurs nantais.
La file d’attente des directeurs de cabinets.
La ronde des pantoufles.
Circulatoire cabinet > mandat électif > société d’économie
mixte.
Dans l’ordre que vous voulez.
La bureaucratie des honneurs, du plus petit jusqu’au plus grand.
Nantes Capitale Verte, point P décentralisé du gouvernement par les
honneurs. Dans la compétition des villes comme dans la compétition
des habitants à l’intérieur de la ville.
L’historien et sociologue des honneurs Olivier Ihl le dit très
bien.
« Le premier bénéficiaire d’une récompense, c’est celui
qui la donne. »
Pourtant, par l’usage délirant qu’il en fait localement, le
parti-métropole nous dit qu’il s’est attribué le titre tout
seul.
Comme Napoléon et Bokassa, leurs couronnes.
La récompense est naturalisée comme évidence du monde social.
Dans la métropole auto-satisfaite, chacun se trouve à collaborer à
ce gouvernement par les hochets, la mise en scène communicationnelle
et les appels à projets. Cet usage massif de la distinction,
consentie ou forcée, se déploie comme « une manière de
confisquer le jugement public et d’inspirer le mimétisme social ».
Une ingénierie socio-politique pour trier et ranger les habitants,
organiser habilement la servitude volontaire et l'acceptabilité des projets préparés ailleurs.
À un moment de la courbe d’efficacité métropolitaine.
À un moment précis.
Là où l’action métropolitaine devient radicalement
monopolistique et contre-productive à toutes les échelles d’action.
À cet endroit, le parti-métropole prend un nouveau nom.
Quand la langue même est atteinte.
Dans sa structure.
Dans sa poétique.
Par la logorrhée auto-satisfaite et invasive.
Camisole communicationnelle.
Griotisme dévoyé et paré des oripeaux de la scientificité.
Confrérie des Big men.
Publicité institutionnelle à tous les étages, à toutes les
échelles.
Premier éditeur du Grand Ouest.
Dans les médias poreux.
Comme une inondation.
Une maladie de peau.
Difficulté même.
Lassitude extrême.
Inutilité profonde.
De rapporter cette langue métropolitaine dont les traces ubuesques
patrouillent nos quotidiens et nos poubelles.
Un AVC invisible et silencieux, infiniment reproduit.
Cette langue métropolitaine.
Cette langue métropolitaine.
En parler même, c’est la prolonger.
Elle est partout.
Quand « frugalité » signifie millions.
Quand « créativité » vaut aéroport de 1971 en 2013.
Quand le regard même est atteint par l’emploi généralisé et
normatif des images de synthèse, les portraits obligés façon
Pyongyang Vinci Capitale Verte.
Peu à peu à l’inéluctabilité du projet unique
pas-encore-déjà-là.
Le réel de la ville disparaît des représentations.
Une langue du coup parti et de la fatalité.
La quartier de la commotion.
Le quartier de la consommation.
Le quartier de l’infantilisation.
Aliénation métropolitaine du sens.
Simulacre et hypocrisie.
Potentats.
Désir de briller, de gagner prestige et adoration.
Peur de perdre son emploi, de ne pas être recruté.
Joie de collaborer.
Plaisir de jouir d'une place.
Joie de collaborer.
Plaisir de jouir d'une place.
Pensée réfugiée dans le cercle d’amis, dans les profondeurs des limbes.
Contestation réfugiée dans la sub-clandestinité zéro.
Ou simplement annihilée par la peur de perdre son rang ou la
perspective d’une place, d’une subvention, d’un accès à
quelque chose.
Même la CGT 44 interdit à son secrétaire de l’Union locale Sud-Loire de s’exprimer en débat public sur la question de
l’emploi dans le projet de déménagement aéroportuaire, sur le
risque de désindustrialisation de cette partie de l'agglomération déjà pauvre en emplois.
Précarité et clientélisme prospèrent sous l'œil unique du
parti-métropole dans un totalitarisme de velours que seul le
bricolage des acteurs rend vivable
Instrumentalisation de la culture.
La culture comme outil de dépolitisation.
Nous sommes à Nantes Métropole.
Nous sommes aussi à Marseille, Capitale Européenne de la Culture.
Mes amis, crime de lèse-majesté à tous les étages du vaisseau-amiral.
Nous dénigrons le parti-métropole.
Nous dénigrons le parti-métropole.
Opposer les réalisations, réussites ou triomphes de l’action
publique métropolitaine à ce tableau clinique est sans effet. Plus
encore, c’est le contrôle du jugement public qui disqualifie et
interdit toute perspective autonome ou comparée de reconnaissance de
l’action publique.
À ce moment de la courbe d’efficacité métropolitaine.
À ce moment précis.
Là où l’action métropolitaine devient radicalement
monopolistique et contre-productive à toutes les échelles d’action.
À cet instant, ceux qui ne sont pas membres du parti-métropole et
qui n’ont pas fait retrait en eux-mêmes, lisent le forçage
aéroportuaire à la fois comme le sommet de cette courbe et comme un
moyen de synthétiser l’ensemble du système métropolitain.
Le projet de nouvel aéroport sert de grille de lecture paradoxale.
Cent mille ficelles en pendouillent.
Une véritable marionnette vivante.
Mickeystein au dessus du Carrousel métropolitain.
Je regarde ici, je regarde là.
Est-ce une conspiration ou une illusion ?
Une paranoïa.
Un état de fait.
Nantes Capitale Nécropolisation Européenne 2013.
Un état de fait.
Nantes Capitale Nécropolisation Européenne 2013.
Cette curieuse grille de lecture échappe à la démocratie
occupationnelle, à la communication métropolitaine, à la peur de
ne plus en être - à la maîtrise systémique du parti-métropole.
Chacun se l’approprie à sa façon.
Autre hypothèse.
La sortie de route.
Parce qu’il est un gros projet unitaire.
Un gros projet unitaire situé hors de la métropole.
Les maires de l’agglomération sont tous pro-aéroport.
Le président de NM les a pris un par un, les yeux dans les yeux.
Les rares récalcitrants ont changé d’avis.
Écho métropolitain des pratiques de forçage colonial.
Depuis les sites d’essais nucléaires d’Algérie et du Pacifique
jusqu’à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes.
Cette pression sur les maires ruraux et les paysans de la ZAD.
Tout est écrit.
Les aménageurs de 1971, dans l’annexe « agriculture »
du schéma départemental de développement appellent cela « les
zones de conflit volontaire ».
« Les zones de conflit spontané », c’est le grignotage et la disparition de l’agriculture sous la pression de l’urbanisation. Lotissements périphériques, zones commerciales des entrées de ville, etc.
« Les zones de conflit volontaire constituent l’emprise au
sol des différents éléments composant le schéma de structure :
logements programmés, zones industrielles, aérodromes, autoroutes, espaces de
loisirs péri-urbains, ponts, résidences secondaires. »
Calculs de conflit volontaire.
L’emprise foncière de tous ces aménagements est estimée alors à
34 500 hectares, soit 16 % de la superficie totale du département et
25 % de la superficie agricole.
« À ces 34 500 hectares, il faut ajouter, à titre de
contrainte indirecte, la zone de bruit de l’aéroport de classe A :
3 000 à 4 000 hectares. »
Zones de conflit volontaire.
Les aménageurs de 1971 ont ce regard distancié qui sourd de temps à
autre dans les documents-cadre.
Tout est écrit.
Tout change pour que rien ne change.
Le forçage façon vingt-et-unième siècle.
Un forçage à forte emprise hiérarchique et coercition multiforme.
Le nouvel esprit du capitalisme.
Le forçage des féodalités nées de la décentralisation des années
quatre-vingt.
Sans contre-pouvoir.
Ciblés, absorbés, détruits, évanouis.
Recréés en fiction, hommes de paille.
Contre-pouvoirs sans pouvoir.
Illusionnistes, illusionnés
Le socialisme municipal comme fabrique du consentement à l'ordre
libéral et bureaucratique.
Un forçage en contradiction avec l’esprit cool du temps et le
désir de réappropriation citoyenne du politique. En accord avec la ville créative de Richard Florida, ce farceur pour conférence et audit de complaisance, le penseur de la métropole cool dépolitisée.
Qui ignore la montée de la conflictualité née de l’esprit du
temps.
Le parti-métropole partiellement inopérant en dehors de son
territoire de référence.
Là, le forçage devient difficile.
La prise est moins forte.
Ici, personne ne doit son poste au parti-métropole.
Les caves élus de la ruralité se rebiffent.
Et ceux de la métropole.
Cela donne le Collectif des élus doutant de la pertinence de
l'aéroport.
Sortie de route.
L’équipage du parti des passions tristes est au fossé.
Les millions sont dans le coffre du véhicule
Syndicat Mixte
Aéroportuaire des porteurs du projet.
Tandis que les scandales
des partenariats public-privé prospèrent, dossier après dossier,
dans les colonnes de la presse indépendante, ruinant par
anticipation les comptes publics et les services aux usagers.
Tandis que le dialogue
compétitif qui remplace les appels d’offres est devenu le masque
de la corruption et la gabegie.
Une nouvelle campagne
publicitaire publique pour concession privée.
Du 18 au 28 février
2013.
Thérapie de choc pour
grand malade.
Régions des Pays de la
Loire et de Bretagne en première ligne, l’argent coule au robinet.
Un slogan à 300 000 €
les deux semaines.
« L’Aéroport du
Grand Ouest, + d’emplois + de visiteurs + de voyages un vrai + pour
nous tous. » Publicités dans les radios, les gares, les
centres commerciaux, la presse régionale, dans l’internet.
Jeudi 27 février 2013,
l'icône Stéphane Hessel meurt dans l’édition en ligne du journal
Libération.
Sa calvitie.
Sa cravate et son
costume.
Son air pincé et ses
rides.
Même en Corée du Sud,
c’est une star de l’édition.
On nous l’a
mondialisé.
Son linceul est la
publicité pour l’aéroport du Grand Ouest qui s’affiche sur
trois côtés.
Je me marre.
À droite de l’écran,
une image animée, un avion nous conduit à un lien.
Je veux en savoir +.
L’obscène du parti
des passions tristes
Le rapport à l’argent
en roue libre.
La religion de la
consommation.
La dignité en sucette.
La pensée en sautoir.
Les journalistes de
France Bleu Loire Océan écrivent au président de Radio France.
« Cette campagne
porte atteinte à notre travail et à notre crédibilité. Nous
craignons d'en subir les conséquences sur le terrain. »
Syndicat national des journalistes et CGT de Radio France demandent
son annulation. « Les journalistes de Radio France résistent
chaque jour aux pressions économiques, politiques, idéologiques.
Ils aimeraient bien que Radio France les aide ».
La compromission.
Un blog méditatif sur
le Grand Ouest.
Le ridicule d’une attente.
Le Syndicat Mixte Aéroportuaire des Tartares.
Attendre la fin de l’état de siège.
La levée des barrages.
L’annulation de la DUP.
La faillite des collectivités.
Une condamnation européenne.
Une vague de vols vacances abattus par nos propres missiles soldés à
proximité d'un théâtre d’opérations postcolonial.
Captain Flamby en guerre.
Zone de conflit volontaire.
Une déchirure dans l’atmosphère.
Un limogeage dans le TGV.
Une valse à Matignon.
Une dépression du nombrilisme.
« Si on avait écouté pendant tous les débats publics et puis
les enquêtes publiques, si on avait bien mesuré tout ce qu’a été
écrit, on a été patient, ben, on s’rait peut-être pas là.
C’est votre pseudo démocratie participative qui conduit
qu’aujourd’hui, c’est comme ça et puis, c’est tout.
L’aéroport, il est pas fait. »
Coalescence
Août 2009.
Réunions de préparations à la Vache Rit.
Ambition.
Tout saisir à la fois.
Le dehors, le dedans, les échelles, le territoire, la poésie.
Première poussée inflationniste de vidéogrammes autoproduits.
Premier appel à occuper la ZAD.
Réitéré quelque mois plus tard.
Appel à occuper la ZAD # 2.
« Twenty kilometers north of the city of Nantes lies the
village of Notre Dame des Landes. Here you will find the « ZAD »
- an area of about 1600 ha of fields, forests, marshlands. Houses +
farmhouses … all set to be felled + flattened by chainsaws +
bulldozers to make way for
ANOTHER FUCKING AIRPORT – in a region that already has 9 !!
For over 40 years opposition + resistance to this megalomaniac
project has continued + grown. In august 2009, a call was made to
occupy the ZAD with the support of local residents, campaigners +
activists against the project.
We have answered this call + WE ARE PRESENT.
Already 4 houses set to be demolished are occupied + being renovated.
Others are standing empty. Waiting till be occupied. A forest
occupation is under way to defend 30 ha of forest in the heart of the
ZAD.
Wood cabins are being built on abandoned parcels of land, fruit +
vegetables gardens are being established to feeed this growning
community of resistance. »
« The ZAD is where we are making a stand to fight against the
encroaching desert of tar + concrete + to tear into the system that
perpetuates it.
THIS AIRPORT WILL NOT BE BUILT.
This is a call for support in any way possible. More occupîers very
welcome ! Bring enthusiasm, ideas + imagination. There is a
plenty of space + energy here to experiment. You are invited to come
+ live, build. Plant + lern with us ... but be warned, this is not
club med – your hands will get dirty ! »
Appel à venir occuper la ZAD # Z.
Permanences aux Planchettes.
« Deux ans maintenant que ici, sur la zone réservée à la
construction d'un aéroport, nous reprenons les terres et les maisons
laissées à l'abandon.
Deux ans donc, à occuper, à vivre, à s'organiser, à réfléchir,
à chasser du bocage géomètres, foreurs et autres expert.e.s de
l'aménagement.
Deux ans à rencontrer, à se lier, à comploter contre ce monde, à
voir passer les militaires et les hélicoptères.
Aujourd'hui, de nombreux lieux sont convoqués au tribunal en vue
d'une expulsion massive, préliminaire au vide annoncé par les
bétonneurs.
Si nous sommes ici, c'est pour ne pas leur laisser la place libre.
Pour qu'illes comprennent qu'illes ne sont pas en terrain conquis.
Alors qu'il en soit de même pour ces expulsions qui se préparent.
..
Que ce soit pour elleux un calvaire et pour nous une grande fête.
Une grande fête parce que nous savons qu'illes ne nous chasseront
pas à coup de bulldozer ; qu'illes peuvent bien raser nos maisons,
brûler nos cabanes, nous resterons. Nous resterons et cette lutte
continuera. »
Août 2009.
Il fait beau et chaud.
Nous sommes à côté de la forêt de Rohanne.
Le champ est immense et les gendarmes discrets comme des amants
illégaux.
Le bocage a quand même été redressé en de nombreux endroits, mais
les clowns seront peu importunés.
Tester autonomie logistique et relationnelle.
Accompagner les journalistes.
Laisser s’installer quelque chose.
De l’autre côté de la forêt, en pleine nuit, des punks à masque
de cochon jouent au pied d’un bus fatigué.
Radio Poum-Poum.
Il est tard.
La forêt est plongée dans l’obscurité, les arbres sont
gigantesques.
Il ne pleut pas.
La ZAD est sèche.
Les ornières dures comme de la pierre.
Nous avons planté notre tentes entre les deux tendances, politique
et autonome.
Peu à peu, notre tente fait le lien.
D’autres tentes relient les deux positions.
L’extension des appels à occupation a sauvé la ZAD de la
démolition.
Tous le disent.
Sans ces appels.
Sans les tâtonnements du Camp Climat.
Sans les occupants.
Sans les réunions à la Vache Rit et l’accueil aux Planchettes.
Sans les squatteurs, les méchants.
Sans les terroristes, les anarcho-autonomes.
Sans la Commission du dialogue à la masse.
Tout serait plié.
Arraché.
Lobotomisé.
Annihilé.
Réduit.
Défoncé.
Concassé.
Arraché.
Lobotomisé.
Annihilé.
Réduit.
Défoncé.
Concassé.
Paysans, habitants, opposants historiques, habitants de la métropole,
manifestants occasionnels, révolutionnaires en ligne, géographes
discrets, scribes demi-solde, syndicalistes, illustrateurs en bande
organisée, vidéastes romantiques, naturalistes, alcooliques,
marcheurs, cyclistes, conducteurs d’engins naturistes, élus
désobéissants, écologistes patentés, pilotes, tritons, Aubrac.
Ils n’auraient pas suffi.
Suffisamment.
« On a souhaité leur venue, hein. »
« On était d’accord qu’ils viennent, parce que la défense
d’un territoire, il faut empêcher que le territoire se vide. Et
donc, il faut qu’il y ait des habitants anciens, qu’il y ait un
renouvellement par arrivée de nouveaux. »
« Tout n’a pas été simple, mais on s’est engagé, je ne
sais plus à quel moment, je crois que c’était en septembre 2010,
on s’est engagé à défendre à égalité et de la même manière
les habitants et opposants historiques et les zadistes et on savait
que ce serait très difficile à réaliser. »
« De fait, ils ont fait exploser l’idée que ce soit une
défense de la terre individuelle, corporatiste, par quelques paysans
qui prêcheraient pour eux-mêmes. »
La coalition ne serait pas arrivé à maturité sans les appels à
occuper.
La ZAD serait rasée, détruite, bétonnée et nous n’aurions plus
que nos yeux pour pleurer.
Occupation.
Ferme de Bellevue.
À quelques pas de la piste nord du projet Vinci.
Entre la ferme du Liminbout et le chemin de Suez, paroles de campagne.
Dimanche 27 janvier à midi.
À peine vidée, déjà occupée.
Un canton dort chaque nuit dans la ferme.
Nouveau clignotant allumé en préfecture.
Destruction et déstructuration foncière du lundi annulées.
Deux mille hectares de terres publiques.
L’expropriation comme détournement.
Qu’est-ce qu’on va en faire quand le projet d'aéroport va être
abandonné ?
Les refiler à la FNSEA pour faire une exploitation de 150 000
cochons haletants ?
Avocat, juge, huissier.
Faible éclairage sur terres pauvres.
Notre-Dame-des-Landes.
Paroisse fondée en 1847.
La commune est érigée
en 1871, par démembrement de celles de Fay-de-Bretagne et d'Héric.
Du début du siècle aux
années cinquante, le train dessert la commune.
L’emprise ferroviaire
est toujours visible.
René Bourrigaud, historien venu du monde agricole, parle précisément de la
transformation de ces terroirs de landes au cours du dix-neuvième
siècle. Sa thèse, éditée par
le Centre d’Histoire du Travail, est tellement lourde que, même
bradée, elle pourrait servir de projectile dans une manifestation.
Notre-Dame-des-Landes
« Le développement ne commence pas en 1950 ou en 1960. »
Entre la Révolution et la loi de partage de 1850, c’est la grande
braderie des communs, ces espaces de propriété collective aux
usages multiples et le plus souvent extensifs.
« Il se produit à partir de la fin des années 1820 dans la
région nantaise, le début d’une rupture historique avec
l’agriculture traditionnelle. »
Développement agricole jusqu'aux années 1880.
Techniques d'exploitation.
Structures agricoles.
Mort du stéréotype du paysan routinier.
La ferme la mieux tenue.
Le plus beau taureau du canton.
Plus tard, atonie provoquée notamment par crises économiques et
conflits mondiaux.
Reprise de la modernisation agricole dans les années cinquante.
Loin d’être un espace d’arriération, les campagnes sont en
mouvement tout au long de cette période fortement reliées à
Nantes, sa bourgeoisie, ses prolétaires et son industrie.
Jules Rieffel.
Agronome d’origine alsacienne.
« Capitaliste libéral sans complexe et humaniste
saint-simonien fortement préoccupé de l'émancipation des paysans
et des ouvriers agricoles. »
Nozay.
Trente kilomètres au nord-est de Notre-Dame-des-Landes.
Il exploite un domaine de cinq-cents hectares de landes, propriété
d’un armateur nantais.
Activiste du progrès agricole et d’une pédagogie progressive.
Première école nationale d’agriculture française.
Créer un revenu, là où il n’y avait rien, est le premier pas
dans une voie que nos descendants perfectionneront avec l’aide du
temps. Ce serait folie à nous de vouloir traverser les siècles à
pieds joints.
Une histoire paysanne.
Notre-Dame-des-Landes.
Sixième génération d’exploitants sur le territoire.
Depuis les premiers arrivés pour défricher les landes.
Dans leurs petites maison en terre.
Une transformation de la paysannerie de l’Ouest.
Les flics à Plessé, onze paysans arrêtés.
Paysans-travailleurs.
Confédération paysanne.
Sur le territoire de la ZAD, modernisation sous contrainte.
Ceux qui ont fait HEC.
Les hautes études communales.
Et des tas d’autres choses.
La contrainte favorise le maintien de l’emploi agricole et des
pratiques collectives.
Nombreux GAEC.
Groupement agricole d'exploitation en commun.
CUMA.
Coopérative d'utilisation de matériel agricole.
Un laboratoire paysan de bonnes pratiques.
Un bassin laitier opérationnel.
À l’opposé des grands projets inutiles et du productivisme sans
aveu.
On fait les comptes et on tire le bilan.
Bellevue.
La ferme.
À cet instant, un seul accès par le Liminbout. Le reste est solidement barricadé.
De nombreux tracteurs bloquent les chemins, voire des entrées de
champ, dans des parcelles susceptibles d’être dévastées à tout
moment par les archéologues et leur escorte.
Ça commence à tirer.
La grosse saison agricole.
Bientôt.
Un gamin en cote.
Venu avec son père paysan.
Il est en train d’écrire quelque chose sur une remorque rouge qui
fait barricade. Une des roues a été démontée pour l’immobiliser. Le gamin écrit à la craie. Il nous demande de l’aide pour orthographier Einstein.
Sans les abeilles, l’homme n’aurait que quatre ans à vivre.
Albert Einstein.
Dans la cuisine.
Un groupe de paysans et de jeunes zadistes.
Un café avant le boulot.
La ferme a été quittée dans la confusion et sauvée des démolisseurs.
Réparer.
Nettoyer.
Orienter.
S’occuper des bêtes.
Suivre le volet judiciaire.
Le harcèlement du concessionnaire.
La menace policière logée chez Ibis.
La veulerie discrète des collectivités.
L’aveuglement top-down.
Organiser la surveillance des terres.
Tenir les agendas des gardes et des réunions.
Assemblée générale ouverte, vendredi midi à la ferme.
Première journée d’astreinte financière du paysan et des
comparants volontaires.
Cinq cents euros la journée.
En attendant l’huissier, les flics et les pelleteuses.
Une cinquantaine de tracteurs entourent la ferme.
Occuper Nantes.
S’ils la détruisent, la ferme sera reconstruite.
Fin de journée.
Quatre tracteurs partent en trombe sur nos indications et celle d’un
autre exploitant qui vient d’arriver de la zone des fouilles.
Que fait la police sur la ZAD ?
Elle empêche les agriculteurs d’accéder à leurs parcelles.
Coalition.
Convergence.
Contre-expertise.
Une stratégie alternative soumise au débat public.
La gestion optimisée de l’actuel aéroport.
Nombreuses possibilités et variantes.
Étude du cabinet transport néerlandais, financé par les élus
opposés au projet.
« L'étude économique initiale conduite par l'État pour
appuyer le projet de nouvel aéroport n'a pas été menée
sérieusement, des choix de valeurs ont été faits non conformes aux
normes en vigueur, uniquement dans le but de montrer sur le papier
que le projet apportait un bénéfice à la collectivité. On sait
maintenant qu'il n'en est rien. »
Extension à d’autres grands projets inutiles.
LGV Paris-Rennes, un gâchis financier pour un gain de onze minutes
sur l’optimisation de la voie classique.
Le projet de nouveau stade à Lyon.
Un remake de western spaghetti.
Il était une fois dans l’Ouest dans les communes périphériques de
l’Est lyonnais.
L’urbanisme à la découpe.
La mise au service de l’action publique au profit d’un projet de
cotation boursière et de dividendes. De football et de supporters,
il n’est nullement question. On pouvait agrandir le stade de
Gerland. Il s’agit d’autre chose, de vente de maillots, de
terrains à bâtir, de centre commerciaux et de malls à construire,
d’hectares bradés et d'infrastructures publiques offertes aux
entrepreneurs amis. Ils le disent eux-mêmes : il règne à Lyon un esprit particulier, une alliance entre des chefs d'entreprises et des élus, et parmi ces derniers, la volonté de dépasser les clivages partisans. Regardez Corrompu[e][s] ; Grand stade OL-Land, syndrome de notre société.
L’embolie du rail pour tous au profit du TGV pour quelques uns.
Plus si affinités.
Tout est en ligne.
Informez-vous.
Le verrou institutionnel.
La sourde oreille.
Pas d’interlocuteurs.
Le mur du silence.
Dernières nouvelles de la lutte.
Le 4 février, les élu-e-s du CéDpa des trois échelles
territoriales vont à leur troisième rencontre avec la Commission
du dialogue. Diminution constante des emplois agricoles et
artificialisation rapide du département. Valeur économique et
écologique du bocage. Recréer du travail à la campagne. Mares,
haies, prairies. Tête de deux bassins versants, Vilaine et Erdre.
Territoire classé en zone humide sur sa quasi totalité. Non-prise
en compte de la loi sur l’eau dès le début du processus. Absence
d’étude alternative dans le choix du site. Incompatibilité des
mesures compensatoires avec le Schéma directeur d’aménagement de
gestion des eaux du bassin Loire-Bretagne. Incompatibilité au regard
du droit applicable des législations française et européenne.
Nécessité d’abandonner ce site.
« Interrogés sur notre appréciation de l’arrêt récent de
la Cour de Cassation, nous avons demandé que pendant le délai donné
par cet arrêt, les agriculteurs en place puissent continuer à
exploiter leurs terres et à bénéficier des droits à
paiement unique de la PAC.
Enfin, nous nous sommes indignés de la destruction d’une maison
depuis la dernière rencontre et la présence de pelleteuses, le jour
même, pour mener des sondages archéologiques sur des sols
totalement noyés et sans autorisation, à notre connaissance, au
titre de la Loi sur l’Eau.
Nous avons demandé au Président de la commission d’intervenir
auprès du Préfet afin que cesse ce que nous considérons comme des
provocations en plein soi-disant dialogue. »
Le 6 février, les
associations de protection de la nature , FNE, LPO, Bretagne
Vivante.
« Le Comité
d’expertise scientifique doit pouvoir entendre directement – et
non par l’intermédiaire de la Commission du dialogue - notre
analyse de la méthode de compensation imaginée par le
pétitionnaire, ainsi que l’importance que nous attachons à ces
zones humides. »
Le 18 février, les
propriétaires de terres agricoles de la ZAD.
Devant les grilles de la
Cour administrative d’appel de Nantes.
Appel sur la cessibilité
de leurs terres.
Le 19 février, la
Coordination des opposants est à Bruxelles.
Le projet NDDL, une
blague belge de quarante ans. Alors à quoi ça sert la frite, si
t'as pas les moules. Ça sert à quoi le cochonnet, si t'as pas les
boules. Audition par la Direction générale de l'environnement de la
Commission européenne.
Rencontre fructueuse.
« On attend avec
curiosité les réponses de la France aux questions posées par la
Commission. »
Celle-ci a déjà engagé
une démarche pré-contentieuse.
Le 20 février, plus de
cent personnes, avec tracteurs et animaux sont venus soutenir les
nouveaux inculpés devant le tribunal de Saint Nazaire.
Neuf paysans convoqués
pour l'examen de la plainte en référé d'AGO-Vinci, qui souhaite
démontrer la violation de domicile et l'occupation par effraction
pour établir la voie de fait et être autorisé à expulser dans la
foulée.
Le 28 février à La
Vache Rit, réunion provoquée de tous les lieux de vie de la ZAD, de
toutes les sortes d’habitants et de soutiens extérieurs.
Vider son sac,
s’écouter, s’entendre.
Du sexisme ordinaire qui gît ici ou là, des micro-conflits qui deviennent des rumeurs
collectives, des personnes en souffrance, addiction, bourdonnements
que la ZAD a attiré comme une bougie dans la nuit des métropoles, des plaidoyers
nécessaires et de toutes sortes, de la colère à la rancœur, de la rencontre à l’imaginaire.
Des reformulations
réitérées pour tirer la ZAD vers sa non-contradiction.
Des décisions
pratiques et logistiques.
Rompre l’isolement de
certains habitants, fragmentés par les check-points.
Une série de
discussions mises ou remises sur le métier.
De la parole.
De la maîtrise.
De l’initiative.
Du collectif.
Avec le recul, cela ressemble à.
Pas d’autre mot.
Personne ne sait ce que c'est.
Personne ne sait ce que c'est.
Un autre nom pour la
contre-expertise.
Ça va plus loin même si l'on regarde les problème avec ordre et méthode, à la brésilienne.
Ça va plus loin même si l'on regarde les problème avec ordre et méthode, à la brésilienne.
On sait quoi penser de
l’expertise.
La sûreté nucléaire
en est l’élite.
Mururoa.
Tchernobyl.
Fukushima.
Les vendeurs de plats
cuisinés, la piétaille.
Que les ministres tirent
au ball-trap à la pause.
Les agences de notation
financière, une élite parmi l’élite.
Le polygraphe Attila,
conseiller du Prince, une étoile de la pensée.
Les
commissaires-enquêteurs, une armée de réserve de la technocratie.
La presse subventionnée
et caporalisée, le clairon enthousiaste.
L’indépendance des
experts, on a compris.
La rationalité,
l’esprit de laboratoire, l’objectivité de l’expert.
La science, la
technique.
On y croyait encore.
Rationalité unique et
nôtre.
Le scientisme.
Plus personne n’y
croit ou alors c'est grave.
Il n’est pas
d’objectivité, seulement des tentatives toujours maladroites et
asymptotiques, d’objectivation.
Le sens de l’histoire,
le progrès.
Tout ça est mort sur le
toit de la centrale de Tchernobyl.
Les pompiers, les
liquidateurs.
Même les robots sont
morts sur le toit de Tchernobyl.
Pourtant, à l’Institut de Recherche technologique Jules Verne,
inauguré par la police fin 2012 à Bouguenais les industriels de
l’armement et du nucléaire français réécrivent Mururoa.
Tchernobyl et Fukushima : les prochaines centrales nucléaires seront
sous-marines.
« En s’appuyant sur la technologie des sous-marins nucléaires,
leur constructeur DCNS, associé à Areva, EDF et au CEA, a pour
objectif de fabriquer un premier prototype en 2013 pour une mise en
service en 2017. »
Elles seront invisibles
et low-cost.
Les quatre Dalton atomiques vaticinent avec l’argent
public sous couvert de technologies durables.
« Flexblue serait
une unité immergée de production d’énergie nucléaire de petite
puissance (50 à 250 MW) comprenant une petite chaudière nucléaire,
un groupe turbo-alternateur, une usine électrique et des systèmes
auxiliaires. Des câbles sous-marins achemineraient l’électricité
produite par Flexblue vers la côte. Flexblue serait ancrée dans un
environnement sous-marin extrêmement stable par 60 à 100 mètres de
fond et à quelques kilomètres des côtes. Un système de ballasts
permettrait le déplacement vertical aisé de Flexblue dans les
phases d’installation, d’entretien et, en fin de vie, de
démantèlement. Chaque unité de production d’énergie Flexblue
permettrait d’alimenter une zone de 100 000 à 1 000 000 habitants
(en première analyse) – selon la puissance de l’unité Flexblue
et le niveau de vie de la population servie (industries incluses). De
forme cylindrique, les unités Flexblue mesureraient une centaine de
mètres de long pour environ 12 à 15 mètres de diamètre et une
masse d’environ 12 000 tonnes. »
Charme discret d’un
projet de dissémination du nucléaire civil dans les milieux à
fortes contraintes.
De quoi décarboner les
hôpitaux.
Cette rationalité
absurde de la science appliquée est ancienne.
Déjà bien compromise
par les mesureurs de crâne et de nez des impérialismes européens,
un siècle plus tôt. La science appliquée fait des miracles. Les
racistes à la Gobineau se réclamant de la science et du progrès.
Les experts du Code noir
deux siècles avant.
On connaît la suite.
Il est de nombreuses
rationalités de par le monde.
Savoirs experts et
profanes dans la construction des problèmes publics.
Un livre collectif
publié en 2011 par l’université de Bruxelles.
« Mode de
construction d’un problème public. »
On trouve tout à
Notre-Dame-des-Landes.
L’expertise classique,
technocratique et fragmentée, semi-clandestine.
Elle n’est mise à
disposition de la population que sous l’effet du rapport de force.
Des milliers de pages en ligne à lire en quelques semaines.
Expertise d’autorité, avalée, ravalée puis décuplée-vomie par
la publicité institutionnelle, qui en transforme la lettre et
l’esprit.
En interaction avec
cette expertise classique, progressivement portée à la lumière,
une contre-expertise.
Sous les trois formes.
Celle d’usagers et
d’habitants ordinaires.
Celle de collectifs
professionnel critiques.
Celle d’une
organisation militante centralisée.
On ajoutera ici une
quatrième forme, particulièrement complexe à interpréter.
ZAD-TAZ.
Zone d’Autonomie
Diabolisée-Territoire Aménagement Zéro.
Une zone d’autonomie
temporaire.
Cette coalition dans
l’expertise permet la combinaison des rationalités et la
ré-interprétation des arguments dans les différents segments de la
coalition.
Ici, la contre-expertise
augmentée mélange savoirs experts et profanes.
« Dans ces
dynamiques, l'activité des porte-parole tient un rôle essentiel que
l’on réduit trop souvent à un accaparement intéressé, alors
qu’elle est d’abord une mise en relation entre des espaces
sociaux différents. »
Spécificités ZAD-TAZ
dans la prise en compte de cette question.
Ainsi se construit le
discours performatif de la coalition.
Reconstruire le cadre du
débat.
Permettre sa
reformulation.
« Fin du monopole
cognitif de l’institution. »
« Rôle politique
de l’enquête. »
« Internet, lieu
d’activation alternatif de la parole critique à forte dimension
experte. »
Articuler protestation,
contre-expertise avec un mode de production commune d’action
publique.
« Répertoire
d’actions et rapport de l'institution. »
Faire, c’est dire.
Péché d’orgueil de
l’institution inapte à se nourrir de la protestation
contre-experte.
Raideur de la nuque.
Passage en force.
Matraque.
Campagne publicitaire.
Plus encore, dans la
coalition, pas d’émergence narcissique.
Moins de grosses têtes
qu’au Carnaval.
« Un conflit sans
leaders. »
On y a pensé. On s’en
est ému. On s’est dit, c’est la faiblesse.
Et si cela était la
qualité même, une étrange capacité transactionnelle comme au Val
di Susa, contre l’absurde projet TAV – une mafia de la
construction d’infrastructures sans utilité sociale.
Médier collectivement
le conflit.
Tandis que dans la
nécropole sévit le culte métropolitain du parti des passions
tristes.
Imparfait.
Performatif.
Un temps d’insomniaque.
Pour éditer la nuit.
2013, ZAD.
« La nuit s’était
écroulée depuis longtemps sur les cieux alentours lorsque notre
cortège macabre s’ébranla en direction du Moulin de Rohanne. Nous
étions une centaine, peut être plus, bardés de fer, de feu et
d’ossements, de toute manière incalculable dans notre folie. Ce
qui nous animait alors ressemblait à d’antiques superstitions, à
de vieilles sorcelleries qu’on a jugé désuètes. Désuètes aussi
une certaine idée de la communauté et de tous les rituels qui
faisaient sa chair. Nous ne sommes pas nostalgiques de ces temps où
la réalité grouillait d’irrationalités. Cependant, si il arrive
que la multiplicité qui hante la boue du bocage en vienne parfois à
faire communauté, et qu’à ce moment là, ce qui fait communauté,
entretient un certain rapport avec la guerre : il se peut que
nous puissions tirer quelque puissance de ces comédies magiques. Et
d’abord il faut abolir certaines catégories qui grèvent encore
l’appréciation de nos gestes. A savoir par exemple la distinction
entre des faits prétendument symboliques et des faits prétendument
guerriers. Il ne devrait y avoir qu’un continuum liant nos
attaques, nos voix, nos présences, et qui serait en toute chose la
mesure de notre effectivité. On peut être effectif, c’est à dire
perforant, tantôt grâce à un texte, tantôt grâce à une
embuscade. Ce qui tisse ensemble ces gestes peut se nommer
enchantement. »
[...]
« La procession
s’étendit dans un bruissement continu de pas et de murmures, sur
le chemin de suez, puis dans la forêt et enfin tout le long de la
lisière du dernier champ. Se distendant, se regroupant, s’ébrouant
dans une sorte d’angoisse impatiente. Le ciel crevait d’étoiles
et nos immenses torches encore éteintes ressemblaient à des piques
vengeresses. Malgré ses obscènes lumières, l’ennemi n’entendit
point la rumeur monter. La terreur l’abattit une première fois
lorsque notre armée de flambeaux envahit littéralement l’espace
qui lui faisait face. Quatre effigies de paille, plantées sur des
pieux de bois, furent immolées en guise d’ultime menace. Formant
un arc de cercle, la rumeur se fit tonnerre. Des hurlements stridents
ou gutturaux, résonnaient, lourdement rythmés : « Malheur
à vous ! Malheur à vous ! Malheur à vous ! ».
Après un court silence, l’incantation s’éleva, toute de
rugissements et de psalmodies : « Nous ne sommes ni
humains, ni animaux, pas même vivants ou morts, pas encore spectres,
déjà disparus pour le monde.
Pourtant, nous habitons
les landes brûlées, les forêts fangeuses, les roches croissantes,
nous habitons, ou plutôt, nous rodons, invectivant l’invisible,
dépouillant vos momies, tous les déserts ont connu nos débauches
corrosives.
Notre existence n’est
attestée par aucun calendrier, aucun Empire ne pouvait soupçonner
la résurrection de notre pacte scandaleux, Le feu de la bataille a
précipité notre naissance. Nous ne sommes pas une armée, nous
sommes la lie du monde qui se fait projectile, aguerris aux fouets de
la vengeance, Chaque coup que vous portez précise cette certitude :
votre défaite ressemblera pour nous à un sanglant festin. »
Une énergie débordante
affleurait partout autour de nous, une énergie guerrière aussi
surgissant malgré le rituel, couvant en lui. Les bois nous
rappelaient, mais dans le même temps nous ne pouvions résister au
vertige qui nous inclinait en direction de l’ennemi. Nous nous
approchions toujours plus dans une mêlée de bruits qui ne voulait
plus cesser. Un second groupe s’était formé sur la route partant
au nord. Se mêlant aux imprécations et aux feux d’artifices, on
vit s’envoler quelques bouteilles incendiaires. Ce fut
progressivement une autre ambiance, plus familière, qui s’installa ;
certains la retrouvaient avec une joie identique. Les projectiles se
multipliaient, les insultes commençaient à fuser. En face, des
panaches irritants cisaillés dans la lumière vomie par leurs
projecteurs, parfois, des tirs tendus. Des ombres assaillaient de
toute part l’imbécile grappe de gendarmes. Puis, après une
inaudible sommation, une salve de grenades couvrit le chemin et le
champ. Un cri plaintif appelant au secours. Un pied déchiqueté au
travers d’une botte. Une orteil risquant d’ être amputé, un
nerf atteint, des os concassés. »
Ensorceler la police.
Pourquoi pas.
On s’enflamme.
Nous ne sommes pas loin
de The Wicker Man.
L’homme en osier qu’on
brûle à la fin du film.
Robin Hardy sort ce film
en 1973.
Mais oui, le plus grand
magicien est d’abord celui qui s’ensorcèle lui-même.
L’évangélisateur.
Le policier scientiste.
Le cumulard
auto-satisfait.
Le militant capturé par
son propre discours.
Le technicien et
l’aménageur sous influence de leur puissance à tabula raser les
choses.
Le colon raciste qui
racialise le monde à son image et s’en imagine comme maître et
possesseur.
Le citoyen dépolitisé
et réduit à la série de ses actes de production et de
consommation, eux-mêmes tracés par la série de ses connections au
réseau.
Homo vulnerabilis, roi
perclus de l’anthropocène.
Alors.
Nous autres, nous
désorceler slash écervelés double slash. Retour chariot. De la
sorcellerie capitaliste, bureaucratique et policière. Des despotes
des trois ordres.
Apprendre à se
protéger, à nous protéger du capitalisme envisagé comme un
système sorcier.
La sorcellerie
capitaliste, pratiques de désenvoûtement.
« Oser mettre le
capitalisme dans la lignée des systèmes sorciers, ce n’est pas
prendre un risque ethnologique, mais pragmatique. Car si le
capitalisme entre dans une telle lignée, c’est sur un mode très
particulier, celui d’un système sorcier sans sorciers qui se
pensent tels, un système opérant dans un monde qui juge que la
sorcellerie n’est qu’une « simple croyance », une
superstition, et ne nécessite donc aucun moyen adéquat de
protection. »
[…]
ZAD partout.
« Cessons de
construire, cultivons la terre ! »
« Nous parlons
bien de « notre vulnérabilité », non de la
vulnérabilité humaine en général. À la différence de ce qui
s’est passé lors des conquêtes coloniales, le capitalisme ne nous
a pas soumis d’abord par le fer et le feu. Certes, le bras armé de
l'État n’était jamais très loin, et il a été mis en œuvre –
persécutions, expropriations, répressions – mais les petites
mains « croyant bien faire », tout comme les grandes voix
présentant les destructions comme des sacrifices nécessaires, prix
à payer pour que triomphe une raison libératrice, n’ont jamais
manqué. »
[...]
« Mettre le
capitalisme dans la lignée des systèmes sorciers, ce n’est pas le
moins du monde le rendre responsable de tout. Nous ne dirons pas que
les aspirines ou les antibiotiques sont « capitalistes »,
ce serait assez stupide, et propre à faire proliférer encore un peu
plus les alternatives infernales. Mais nous dirons que la manière
dont nous pensons ces médicaments, dont nous les proposons, est
indissociable de la question qui nous met au travail, et qui nous
incite à prendre au sens littéral l’adjectif « sorcier ».
Nous l’avons affirmé,
nous ne sommes pas tous, pas toutes, des « petites mains »,
des « âmes capturées ». mais nous devons maintenant
ajouter : nous sommes tous et toutes vulnérables, en danger de
le devenir. Et nous le sommes par les dilemmes incontournables que
nous faisons proliférer chaque fois que nous nous définissons
nous-mêmes – et cela souvent sans même y penser – comme
représentants de « l’humanité », comme sa tête
pensante. »
[…]
L’idéologie
communique avec l’image d’un écran, d’idées qui « font
écran », qui empêchent d’accéder au « bon point de
vue ». Mais les petites mains que sait fabriquer le capitalisme
– depuis les gestionnaires de « ressources humaines »
jusqu’au scientifique dénonçant la « montée de
l'irrationalisme » que traduirait l’inquiétude publique face
aux OGM ou aux nanotechnologies – ne sont pas aveuglées par une
idéologie. Il vaudrait mieux dire en employant un vocable sorcier,
qu’elles sont « mangées », c’est-à-dire affirmer
que c’est leur capacité même à penser et à sentir qui a été
la proie de l’opération de capture. »
[...]
Toutes les pensées de
la sorcellerie disent le risque d’affronter une opération
sorcière, la nécessité de se protéger, car le danger est toujours
d’être soi-même capturé. Qui se croit assuré à cet égard,
qu’il croit qu’il peut se passer de protection se désigne
lui-même comme proie. »
Nantes Métropole,
système sorcier - inondable en fond d’estuaire.
Système sorcier en PPP.
Nantes Nécropole.
Potentat Public-Privé.
Nantes Capitale
Européenne des Systèmes Sorciers 2013.