QPC.
Question prioritaire de constitutionnalité.
Qui donc a graffé avec un gros extincteur rouge rempli de peinture
ocre, le mot « LOVE » en lettres géantes sur la façade
de la police municipale de Nantes ? Nettoyé, quoique
difficilement, le mur crépi laisse toujours apparaître à l'œil
ébloui, le mot « LOVE » en lettres toujours géantes
mais nettoyées, visibles-invisibles.
Drame des nettoyeurs.
Le mieux est l’ennemi du bien.
Ainsi va le monde
« L’aménagement, dans la représentation dominante, a
longtemps été réduit à sa seule réalité technique, tandis que
sa dimension politique et géopolitique était systématiquement
occultée. C’est encore ainsi qu’il est enseigné dans la plupart
des formations universitaires et c’est ainsi qu’il est défini
dans la quasi-totalité des dictionnaires de géographie ou
d’aménagement. L’unanimité qui se dégage de ces ouvrages est
assez frappante et elle fait sens. L’aménagement y est présenté
comme un ensemble de théories (savoirs ou savoir-penser) et de
techniques (savoir-faire), au service d’objectifs éminemment
consensuels : « l’amélioration des conditions et du
cadre de vie des populations », « le développement
économique » et « la mise en valeur du territoire »,
son « rééquilibrage », « l’agencement »,
« l’équipement », « l’organisation de
l’espace », « une meilleure distribution des activités
et des populations ». Il est censé être mis en œuvre par un
acteur général, global ou englobant, toujours défini de manière
indifférenciée : « un groupe humain », « les
sociétés qui produisent et occupent ces territoires », « une
collectivité », « les pouvoirs publics ». Des
contradictions d’intérêts, des conflits qui peuvent traverser cet
acteur prétendument unifié, des désaccords qui peuvent l’opposer
à d’autres acteurs (entreprises, populations, élus, associations)
: pas un mot ! »
Philippe Subra, revue de géopolitique Hérodote, numéro 130, 2008.
En 1976, Yves Lacoste, le fondateur de cette même revue Hérodote,
faisait scandale en publiant chez Maspéro un petit ouvrage critique.
La géographie, ça sert d’abord à faire la guerre.
Les auteurs de Dégage !... On aménage, publié la même année,
le citent dans leur conclusion.
Du temps a passé sous les ponts.
Apparemment.
Pourtant, encore aujourd'hui, dans les dictionnaires de géographie.
Pas d'entrée « conflits » ou même « rapports de
force ».
Ni « concertation » ou « débat ».
Géopolitique de l’aménagement.
La géographie, une science sociale.
L’aménagement, une techno-science, une science dite « appliquée »
aux liens ombilicaux avec la géographie coloniale, laboratoire
historique de l’aménagement français.
Imaginez la suite.
La géographie scolaire, un préchi-précha semi-autonome.
Depuis 1880.
Vous avez beaucoup souffert.
La géographie habitante, vernaculaire, indigène.
La nôtre, la vôtre, la mienne.
Souvent naturalisée par les acteurs du territoire, c’est la
géographie par le faire. Produite ou reproduite, discrètement
ou explicitement, à l’occasion d’événements biographiques
individuels, l’habiter, la relation, le travail, ou de moments
sociaux, comme un grand projet inutile, combinées aux géographies
précédemment évoquées.
Dans le monde de l’aménagement.
Chacun sait qu’il y a de la conflictualité.
Quand on recrute un universitaire, on écrit ceci.
« L’établissement souhaite maintenir dans ses cursus les
approches écologiques et environnementales aux diverses échelles
territoriales. Leurs prises en compte, dans des objectifs de
développement durable, sont devenus des thèmes incontournables de
la gestion et de l’aménagement des divers territoires et ne
cessent de s’imposer aux divers acteurs publics et privés de
l’aménagement urbain. Le (a) candidat(e) devra s’appuyer sur une
connaissance de situations concrètes éventuellement dans le cadre
d’ateliers. Il (elle) devra faire une large place aux pressions
contradictoires qui s’exercent sur l’espace et aux solutions de
compromis qui permettent de trouver des formules menant au consensus,
modérant ainsi les diverses formes de contestations. »
La guerre d’Algérie.
Un aménagement radical et apocalyptique de la société algérienne.
Pourtant colonisée depuis déjà cent cinquante ans.
L’expérience de cette guerre coloniale a imprégné toute la
société française.
Dans des modalités variées.
Elle a aussi réveillé les consciences.
La trajectoire de nombreux habitants-citoyens, mais aussi de chercheurs en sciences sociales en a été
bouleversée. Depuis les années soixante, beaucoup de géographes se
sont affranchis de la révérence et de la proximité aux pouvoirs,
et d’abord de cette pensée impérialiste et coloniale.
De cette raison aménageuse dévoyée.
Monstre du quotidien, discret, polymorphe et récurrent.
La façon coloniale.
On ne s’en débarrasse pas comme cela.
La démocratie participative en sait quelque chose.
Des chercheurs en sciences sociales, et de plus en plus chercheuses,
ont fait cet effort.
Éclairer la conflictualité des sociétés.
Toutes les sortes d’impérialismes.
Pourtant on lit ici et là.
« Les géographes » pensent ceci, pensent cela.
Théologiens d’une géographie du pouvoir aux affirmations
médiocres.
Scientisme à la méthode Coué.
Éco-scepticisme.
Position d’autorité.
Corporatisme.
Croyance au retour du même.
Le mât de Cocagne avec son tirailleur sénégalais qui joue du
clairon.
Le progrès inaltéré en dépit de tout.
Le sens de l’histoire et tout et tout.
Curieuses rhétoriques complotistes dénonçant d’invisibles
prêcheurs de la décroissance verte (et même brune) qui
dirigeraient le monde et contrôleraient les médias complaisants et
anxiogènes.
Pourtant, aux commandes du parti-métropole, certains se font
producteurs de climat anxiogène et communiquent à tout va dans les
médias.
Ils gouvernent par la peur quand le désir ne marche plus.
Crash imminent d’un ou plusieurs aéronefs sur la ville.
Saturation de Nantes Atlantique, promu le temps d'une farce
médiatique, aéroport militaire, avec aéronef armé survolant nos
toits et écrasant nos tympans comme si on était à Alep.
Nuisances extraordinaires.
Isolement de la ville des grands flux mondiaux.
Étalement urbain compromettant la venue des générations futures.
Terrorisme, violence et criminalité des opposants et autres
marginaux.
Etc.
Derrière ce rideau de fumée anxiogène.
On comprend peu à peu qu’il s’agit d’un opération de prestige
et de pouvoir menée par des big men, dans une construction idéologiquement
datée, mais recyclée dans une relation particulière au
néo-capitalisme des grands groupes français.
Quelque chose comme administrer la preuve de leur pouvoir, comme on
administre un suppositoire à la faculté de médecine.
Une grosse opération immobilière.
Main basse sur le foncier.
Six mille logements annoncés d’ici vingt ans sur des zones
« libérées ».
La main sur le cœur.
Densifier la ville est une nécessité pour lutter contre l'étalement
urbain et vivre près des services.
Mais installer l’aéroport à la campagne, ce n’est pas de
l’étalement urbain. Les infrastructures de la ville, ce n’est
pas la ville.
On rêve.
Bientôt, un deuxième périphérique, attention, ce ne sera pas de
l’étalement urbain.
Et puis un nouveau pont dans l’estuaire, faut être cohérent.
Et ma main dans ta gueule, pour le même prix.
Les yeux ouverts.
Si l’on prétend reconstruire la ville sur elle-même, alors on
peut aussi reconstruire l’aéroport sur lui-même.
Et l’invention est là.
L’aménagement est multiple.
D’autres logiques que la croissance indéfinie des plus gros
centres et la concentration des activités dans des pôles de plus en
plus gros et de moins en moins nombreux, une maternité géante, un
hôpital géant, une prison géante, un centre commercial géant.
De ce capitalisme de forcénés qui court dans les tuyaux du projet
métropolitain.
Mon dieu.
Bon dieu.
Oh, mon dieu.
Ma bécane crame par terre.
La liste infinie des ZAD et des chantiers absurdes, de la fragilité
de l’humain.
Tous ceux qui aiment taper dans un ballon devraient aller voir le
méta-chantier exploratoire de privatisation urbaine du football
Vinci/Olympique Lyonnais, maelström côté en bourse et dans les
imaginaires du parti des passions tristes.
Tout, absolument tout, peut devenir marché.
Faire marché.
Tout.
De l’amour à la mort.
La poésie.
Mourir en dégageant un bénéfice.
Rien n’est impossible.
Nulle barrière morale n’est suffisante pour empêcher la
transformation d’une activité humaine ou non-humaine (les
grenouilles, le CO²) quelconque en marché.
Système sorcier.
Tacle par derrière.
Il s’agit d’autre chose.
De coup de gueule, coup de pied au cul et de contre-scénarisation.
Carton rouge.
Oui.
Trois ans de vigie citoyenne tous les jours devant le Conseil Général
de Loire-Inférieure.
Oui.
Conférence de presse en préfecture de Nantes, 11 octobre 2011.
Tout le monde ne pense pas la même chose.
Pas plus en aménagement qu’ailleurs.
La conflictualité de la société se rejoue dans la science même.
Et dans sa forme appliquée.
Mêmes contradictions, illusions, projections, intérêts,
confrontations.
Seuls les contextes d’apparition, d’énonciation et de résolution
changent.
L’idée même de neutralité de la science, de son objectivité.
Au dessus des partis et des opinions.
La neutralité de l’aménagement, garante de l’intérêt
collectif.
Pschitt.
Walter Christaller (1893-1969).
Die zentralen Orte in Süddeutschland.
Ce géographe allemand est connu des étudiants de géographie pour
être l’inventeur de « la théorie des lieux centraux »,
une explication incomplète de l’organisation hiérarchisée des
systèmes de villes.
Un spécialiste du retournement de veste.
Ancien social-démocrate, il collabore au projet nazi dans les années
trente.
Il adhère au Parti en 1940.
En tant que scientifique, en tant qu’aménageur.
Il applique ses modèles théoriques du réseau urbain pour
reconfigurer l’espace polonais et biélorusse purgé de ses
« Juifs », de ses « Tziganes » et de ses
« Slaves ».
Office de planification du Commissariat du Reich pour le renforcement
du peuple allemand.
Planification de l’espace vital.
Le lecteur se gardera de voir là un effet de l’âme allemande.
Plutôt un exemple documenté des relations que la science et la
technoscience entretiennent avec le politique. Il est invité à se
documenter sur la géographie coloniale française, spécialiste de
la race et de la racialisation, cette capacité à mettre de la race
là où il n’y en avait pas et à produire ainsi une modernité
raciste, à l'intérieur même d’un discours universaliste.
Aménagement et conflit.
Loin des géographes qui veulent nous rassurer, la main sur la
bouche.
Les productions foisonnantes de la géographie : circulations,
identités, genre, conflit, médiation, justice spatiale et
environnementale, habiter, invention de formes inédites. Une
géographie qui se dit parfois critique, mais souvent ne dit rien et
fait sans nommer.
Ré-articuler le matériel et l’idéel.
« Continuons de rester nous, la magie de notre manière d’être,
elle existe toujours, parce que y a des trucs qui vont nous foutre
chaud la haine, qu’on se laisse pas ronger par ça, qu’on garde
notre joie de vivre. Les réalités physiques sont pas toujours les
plus fortes. »
Le corps et l’esprit par le milieu.
Percevoir la dynamique partagée des environnements.
De nouvelles relations au territoire.
Justice spatiale.
Marx géographe animiste.
Marx queer.
Passage modeste cependant de cette géographie dans l’espace public
de la connaissance et de la délibération. Comme souvent dans le
grand monde, c’est une géographie de la révérence et du contrôle
social qui parle au nom de toute la corporation.
Pourtant.
Conflits.
Multiplication des conflits.
Jésus n’aurait pas fait mieux.
Les transformations de la société française et de la corporation
depuis les années soixante.
Contestation des infrastructures autoritaires et critique de l'État
jacobin d'une société atteinte de mélancolie post-coloniale.
Dégradation du cadre de vie et perte de la croyance au progrès.
On en dresse localement les avaries.
Puis, d’un coup, perception des avaries à toutes les échelles.
Décentralisation et mise en concurrence des territoires.
Des groupes sociaux.
Des groupes ethnicisés.
Construction de postures habitantes à identités multiples.
Réclamations de la Marche pour l'égalité de 1983 à
Notre-Dame-des-Landes 2013 en passant par des mois d'état d'urgence
comme si la guerre d'Algérie recommençait, toujours piloté par les
mêmes ministres de l'Intérieur successifs et manipulateurs.
Montée du chômage de masse.
Bureaucratisation continue de la vie en société.
Multiplication des échelles et des instances de décision.
Augmentation des capitaux non formels de connaissance.
Formes nouvelles de circulation de l’information.
Mobilisations renouvelées.
Montée de cette nouvelle géographie détachée du lien ombilical
avec l’autorité.
Géographie des inégalités.
Justice environnementale.
Justice spatiale.
Société, Espace, Justice (Alain Reynaud, 1981).
À l’époque, nous croyions que les inégalités se réduisaient.
Nous savons qu’aujourd’hui que la perspective est plus
qu’inversée, démultipliée, controversée, complexifiée,
politique.
Différence, inégalité, injustice.
« L’analyse des interactions entre espace et société est
nécessaire à la compréhension des injustices sociales et à la
réflexion appliquée sur les politiques territoriales visant à les
réduire. »
À toutes les échelles.
Et puis, en même temps.
Par à-coups.
Ou par submersion lente.
Géographie de la colère.
Et même de la victimisation.
Nantes Métropole et la Région des pays de la Loire.
Victimes des Roumains, des anarchistes étrangers, des chômeurs en
fin de droits, des jeunes et d’une localisation périphérique
insupportable.
Au bord d’un océan.
Au centre d'une aire de chalandise atrophiée.
À tendance hémiplégique.
Un demi-cercle seulement.
L’autre moitié a disparu sous les eaux, il y a cinquante mille
ans.
La moitié des clients potentiels d’Ago-Vinci sont des poissons et
des crustacés.
Injustice du manteau terrestre et des réchauffements climatiques.
Injustice de la transgression marine.
Injustice boueuse du quotidien.
Le nouveau festival littéraire nantais devait s’appeler « Babel »
en hommage à Borges, il s'appelle finalement « Atlantide ».
L’homme de l’Atlantide.
The Man from Atlantis.
Le feuilleton préféré de Raymond Barre.
« Atlantis, terminus François Mitterrand. »
Mark Harris, « l’homme de l’Atlantide », est joué
par Patrick Duffy et doublé par Pierre Arditi. Dernier survivant de
l’Atlantide, il a des mains palmées et vit habituellement sous
l’eau. Il connaît de gros problèmes d’adaptation. Il doit
porter des lunettes de soleil et ses extrémités bleuissent
lorsqu’il reste trop longtemps au bord de la piscine. Il mange du
plancton et traverse sans regarder.
- Où se trouve-t-il en ce moment ?
- En ce moment, il se trouve dans le labo. Il est très docile, très
coopératif.
Ne manquez pas le prochain épisode.
Disparition inquiétante.
Bulletin Radio Klaxon sur le 107.7, la fréquence autoroute de Vinci.
Encore une fugue.
Non !
Si !
Mark Harris, le dernier survivant de l’Atlantide a été signalé
sur la ZAD.
À suivre sur Radio Klaxon.
Il est passé par ici, il repassera par là.
Ouais, mec, il fait partie de ceux qui restent quand ça se disperse.
Éditorial jauni des Cahiers nantais, le dos carré collé a explosé.
« Nous sommes dans une période de vieillissement rapide des
courants de pensée et des disciplines intellectuelles. L’aménagement
de l’espace qui est l’un de ces courants et l’une de ces
disciplines est-il déjà affecté par cet entraînement fatal ?
Ses méthodes ne sont même pas définitivement mises au point ;
peut-on déjà y pressentir une évolution vers des techniques, des
recettes qui n’ont plus la chaleur de la vie et qui sont une
sclérose ? En un mot, ne voit-on pas se profiler le risque
d’une organisation volontaire du monde extérieur dans laquelle la
finalité humaine, la signification humaniste n’auraient pas la
part primordiale qui doit être la leur ? Sous cet angle, ce
numéro des Cahiers nantais est un appel à l’attention et à la
prudence. »
Trente ans plus tard, Arjun Appadurai, publie sa Géographie de la
colère et affirme que la démocratie n’est pas le consensus.
Mais, par définition, l’espace d’une délibération
conflictuelle.
Un espace de rapports de force.
Être conflictuant ou n’être rien - être soumis.
Nombre des conflits d’aménagement en forte augmentation sur les
dernières décennies
Seuil de conflictualité en abaissement continuel.
Démocratisation du conflit.
Alors faut-il supprimer la démocratie pour aménager.
Tropisme chinois de la croissance folle et du dérèglement maximal.
De cet emballement dont personne ne serait vraiment responsable.
Ainsi la toupie à béton n’est pas tout.
La géographie sociale et culturelle, mais aussi d’autres
spécialités plus proches de la toupie, ont montré que la partie
« aménagement », « infrastructure » ne
constituait qu’une part de l’aménagement. La part dominante de
l’aménagement, c’est la gestion collective, elle aussi
conflictuelle, de l’existant et de ce qui est à venir
« Les réalité physiques ne sont pas toujours les plus
fortes. »
Gestes d’invention, paroles de médiation, modes d’évaluation,
mécanismes d’usage, de partage et de contrôle, anticipation,
réversibilité des projets.
Biens communs.
Gratuité.
Pluralité et formation de la décision collective.
Retour critique sur vingt ans de projets métropolitains.
À Nantes et ailleurs.
Faire grossir l’échelle de référence de la vie sociale.
De plus en plus gros.
De plus en plus concentré.
Vider les villes petites et moyennes.
Dévaliser les plus petits que soi, au nom de calculs tronqués et
par défaut d’un imaginaire pluriel.
L'intérêt général représenté par ce qui est gros et concentré.
Derrière le voile de la concentration et de l’économie d’échelle.
Derrière le grand déménagement.
Le pouvoir.
La norme.
La bureaucratie.
Le néo-capitalisme.
La féodalité avec réseaux sociaux.
Le Prince.
Une atteinte.
Un tir de missiles contre le bricolage permanent des acteurs, qui dit
pourtant l’usage.
Ne pas vivre pour l’infrastructure.
Vivre et usager l’infrastructure.
À tout moment, le fétichisme de l’infrastructure peut prendre le
dessus sur la formation sociale et la recherche du bien commun.
Le bricolage des acteurs comme (a)ménagement non formel.
Une invention horizontale, une tricherie avec la norme inapplicable.
Avec la décision ferme et inhumaine.
Avec la délocalisation des moyens d’existence.
Avec la forfanterie du gigantisme côté en bourse.
De l’accueil à distance surtaxé ou inaccessible.
Le propre de l’humain, le bricolage.
Comme concept.
Geste de proximité.
Situation.
Alternative au Prince et à son parti-métropole.
Le bricolage permet à la société bureaucratique de fonctionner
encore.
Part non formelle et non reconnue de l’innovation.
Il existe aussi dans la recherche savante et en constitue même une
modalité essentielle à sa réalisation. Sans bricolage, sans
situation, il n’est que bureaucratie de la recherche, c’est-à-dire
juste une bureaucratie.
Interdire le bricolage.
Ne jouez pas avec les allumettes.
Le plus avec et le moins contre.
Gilles Clément, paysagiste passé par l’estuaire publicitaire,
auteur du biblique Tiers-Paysage, dit faire « le plus avec et
le moins contre ». Si cette approche du jardin et du végétal,
du non-humain, est à la fois esthétique et opérationnelle, elle
est une métaphore du social.
Dans le système éducatif qui réalise peu à peu les prophéties
des années soixante-dix, monopole radical et contre-productivité.
Faire avec les enfants, plutôt que contre les enfants.
Aujourd’hui déscolariser la société française et resocialiser
son école.
Stopper l’infantilisation généralisée et indéfiniment
prolongée.
La notation de l’humain.
Dans le système de santé qui enfle démesurément, alors que
l’espérance de vie et de bien-être après avoir stagné, est
aujourd’hui à la baisse.
Faire la santé avec les patients, plutôt que contre les patients.
Aujourd’hui démédicaliser la société et resocialiser la
médecine.
Dans le système de l'entrepreneuriat.
Dans le système de transports.
Dans l’aménagement.
Etc.
Mais nous allons dans l’autre sens.
On vend des droits à polluer, on les met en bourse.
On vend des compensations environnementales et on en créé le marché
à toutes les échelles.
On ouvre le grand marché de la dépendance de l’âge.
On ferme tout ce qui est petit, moyen.
Stratégie macrocéphale globale.
La grosse tête comme religion.
On scolarise l’université.
On désocialise l’école.
On infantilise les chômeurs pourtant entrepreneurs d’eux-mêmes.
Une société du contrôle adossée aux nouvelles technologies.
Bientôt, toute la métropole surveillée par les puces électroniques
de nos cartes pour tout : circulation, travail, consommation,
amitiés, amours, pensées.
Le programme du parti-métropole est résumé ici, dans ce nouveau
slogan.
Toute l’intelligence d’une puce électronique associée à la
« technologie sans contact ».
Ne riez pas.
Même le billet high-cost pour aller à l’aéroport international
Nantes Atlantique tout proche reste exclu de tous les abonnements.
Vous vous souvenez, les parkings, la vache à lait.
Il n’est que quelques éleveurs pour refuser le puçage
électronique de leurs animaux, dont la seule justification est le
dérèglement complet du marché agricole.
They said « Captain », I say what ?
Big men are watching you.
Obéir.
Consommer.
Jeter.
Voter.
Imaginer d’autres scénarios.
Aussi bas que raisonnablement possible.
Une voie possible de l’aménagement et de l’exercice du pouvoir.
Apories de la société mondialisée et finitude des ressources
inclues.
Un autre optimisme que celui du moindre effort.
Un engagement prospectif.
Pour un euro de plus.
As low as reasonably
practicable.
Principe d’humilité
opérationnelle.
Depuis les champs
professionnels du risque.
Plasticité sociale et
spatiale.
Société de la
connaissance partagée et de la médiation du conflit.
Ce serait le ménagement
du territoire et de la société.
Une forme du bon sens.
Ménager.
Comme nommer sans
blesser.
« Zadiste ?
C’est quoi, cette étiquette de connard qu’on s’colle sur la
tête ? Je vis ici, je suis squatteur, mais je veux plus qu’on
m’appelle zadiste. »
Resocialiser la
relation.
« Parfois, je les
appelle les résidents, les squatteurs, les habitants, ça dépend de
l’humeur. »
Ne pas éradiquer les
contre-pouvoirs, plutôt que de créer des fictions participatives.
Laisser monter la poétique de la relation qui fait la vie humaine
dans le territoire.
Le pas de côté.
« Depuis le
premier janvier, les agriculteurs se considèrent comme des
squatteurs. »
À domicile.
Utopie du ménagement.
C’est ce que nous
avons déjà fait ici sans le dire assez.
Les luttes inscrites
dans le territoire.
Imaginer.
La Loire-Atlantique 2013 réalisée aux normes du projet Oream 1971.
Pénétrantes autoroutières au cœur de Nantes.
Sidérurgie sur l’eau à Lavau (rachetée, puis fermée par
Mittal).
Darses gigantesques sans navires.
Vaste zone industrielle en rive sud (fermée/délocalisée en
Roumanie).
Centrale nucléaire au Pellerin, Green Capital 2013.
(une vingtaine « d’incidents » non signalés)
Une autre centrale nucléaire à Cordemais (submergé et ennoyé
pendant la tempête Xinthia, son réacteur est encore sous
surveillance continue).
Marinas et quatre-voies sur les marais salants de Guérande.
Une Loire canalisée de la source à l’océan, façon « quatre
rivières ».
Effort d’imagination rétrospective.
Prospective maintenant.
Ménagement du
territoire
Sous-section de
l’université invisible.
Nulle part et partout.
Ménagement du
territoire.
Rhizomes traversant
toutes les échelles d’action.
Penser la ville.
Du lieu unique, faisons
les villes plurielles.
Frugales et inventives.
Et les campagnes de
même.
Oui.
Un autre N’importe Où
est possible.
Une autre Corée.
Une autre Turquie.
Une autre RDC.
Un autre Mexique.
Une autre métropole.
Une autre Europe,
province du Monde.
Le parc Gezi et la place
Taksim.
Étrange miroir urbain
offert au maelström nantais.
À Istambul, gigantesque
métropole européenne mondiale.
Les mêmes causes
produisent les mêmes effets.
Cent cinquante mille
grenades tirées en quinze jours par la police turque.
J’adore ce gaz !
C’est quoi ?
Le gaz poivre est bon
pour la peau.
Rupture de stock.
Alors, il n’y en a
plus ?
Politiques urbaines
néo-libérales.
Dépolitisation des
espaces publics et clôture des espaces communs par bourgeoise
néo-libérale colorée religion officielle.
Privatisation de la
ville gentrifiée et touristifiée.
Atomisation et
déportation des populations soumis au stress spéculatif.
Troisième pont.
Contrôle des médias et
réduction des contre-pouvoirs.
Main basse sur la ville,
spéculation 2.0 spécialiste des grandes tailles..
Hors-normes.
Rébellion stambouliote.
Free zone de Taksim.
« Le 29 mai, le
président Erdogän s’obstine toujours : Quoique vous fassiez,
notre décision concernant le parc Gézy est prise, et elle est
définitive. »
De n’importe quel
pays.
De n’importe quelle
couleur.
La poésie.
Combat de l'intérieur.
To be continued.
Peace Frog.