Ménagement [to be continued]


QPC.
Question prioritaire de constitutionnalité.
Qui donc a graffé avec un gros extincteur rouge rempli de peinture ocre, le mot « LOVE » en lettres géantes sur la façade de la police municipale de Nantes ? Nettoyé, quoique difficilement, le mur crépi laisse toujours apparaître à l'œil ébloui, le mot « LOVE » en lettres toujours géantes mais nettoyées, visibles-invisibles.
Drame des nettoyeurs.
Le mieux est l’ennemi du bien.
Ainsi va le monde
« L’aménagement, dans la représentation dominante, a longtemps été réduit à sa seule réalité technique, tandis que sa dimension politique et géopolitique était systématiquement occultée. C’est encore ainsi qu’il est enseigné dans la plupart des formations universitaires et c’est ainsi qu’il est défini dans la quasi-totalité des dictionnaires de géographie ou d’aménagement. L’unanimité qui se dégage de ces ouvrages est assez frappante et elle fait sens. L’aménagement y est présenté comme un ensemble de théories (savoirs ou savoir-penser) et de techniques (savoir-faire), au service d’objectifs éminemment consensuels : « l’amélioration des conditions et du cadre de vie des populations », « le développement économique » et « la mise en valeur du territoire », son « rééquilibrage », « l’agencement », « l’équipement », « l’organisation de l’espace », « une meilleure distribution des activités et des populations ». Il est censé être mis en œuvre par un acteur général, global ou englobant, toujours défini de manière indifférenciée : « un groupe humain », « les sociétés qui produisent et occupent ces territoires », « une collectivité », « les pouvoirs publics ». Des contradictions d’intérêts, des conflits qui peuvent traverser cet acteur prétendument unifié, des désaccords qui peuvent l’opposer à d’autres acteurs (entreprises, populations, élus, associations) : pas un mot ! »
Philippe Subra, revue de géopolitique Hérodote, numéro 130, 2008.
En 1976, Yves Lacoste, le fondateur de cette même revue Hérodote, faisait scandale en publiant chez Maspéro un petit ouvrage critique.
La géographie, ça sert d’abord à faire la guerre.
Les auteurs de Dégage !... On aménage, publié la même année, le citent dans leur conclusion.
Du temps a passé sous les ponts.
Apparemment.
Pourtant, encore aujourd'hui, dans les dictionnaires de géographie.
Pas d'entrée « conflits » ou même « rapports de force ».
Ni « concertation » ou « débat ».
Géopolitique de l’aménagement.
La géographie, une science sociale.
L’aménagement, une techno-science, une science dite « appliquée » aux liens ombilicaux avec la géographie coloniale, laboratoire historique de l’aménagement français.
Imaginez la suite.
La géographie scolaire, un préchi-précha semi-autonome.
Depuis 1880.
Vous avez beaucoup souffert.
La géographie habitante, vernaculaire, indigène.
La nôtre, la vôtre, la mienne.
Souvent naturalisée par les acteurs du territoire, c’est la géographie par le faire. Produite ou reproduite, discrètement ou explicitement, à l’occasion d’événements biographiques individuels, l’habiter, la relation, le travail, ou de moments sociaux, comme un grand projet inutile, combinées aux géographies précédemment évoquées.
À l’évidence et en réalité.



Dans le monde de l’aménagement.
Chacun sait qu’il y a de la conflictualité.
Quand on recrute un universitaire, on écrit ceci.
« L’établissement souhaite maintenir dans ses cursus les approches écologiques et environnementales aux diverses échelles territoriales. Leurs prises en compte, dans des objectifs de développement durable, sont devenus des thèmes incontournables de la gestion et de l’aménagement des divers territoires et ne cessent de s’imposer aux divers acteurs publics et privés de l’aménagement urbain. Le (a) candidat(e) devra s’appuyer sur une connaissance de situations concrètes éventuellement dans le cadre d’ateliers. Il (elle) devra faire une large place aux pressions contradictoires qui s’exercent sur l’espace et aux solutions de compromis qui permettent de trouver des formules menant au consensus, modérant ainsi les diverses formes de contestations. »
La guerre d’Algérie.
Un aménagement radical et apocalyptique de la société algérienne.
Pourtant colonisée depuis déjà cent cinquante ans.
L’expérience de cette guerre coloniale a imprégné toute la société française.
Dans des modalités variées.
Elle a aussi réveillé les consciences.
La trajectoire de nombreux habitants-citoyens, mais aussi de chercheurs en sciences sociales en a été bouleversée. Depuis les années soixante, beaucoup de géographes se sont affranchis de la révérence et de la proximité aux pouvoirs, et d’abord de cette pensée impérialiste et coloniale.
De cette raison aménageuse dévoyée.
Monstre du quotidien, discret, polymorphe et récurrent.
La façon coloniale.
On ne s’en débarrasse pas comme cela.
La démocratie participative en sait quelque chose.
Des chercheurs en sciences sociales, et de plus en plus chercheuses, ont fait cet effort.
Éclairer la conflictualité des sociétés.
Toutes les sortes d’impérialismes.
Pourtant on lit ici et là.
« Les géographes » pensent ceci, pensent cela.
Théologiens d’une géographie du pouvoir aux affirmations médiocres.
Scientisme à la méthode Coué.
Éco-scepticisme.
Position d’autorité.
Corporatisme.
Croyance au retour du même.
Le mât de Cocagne avec son tirailleur sénégalais qui joue du clairon.
Le progrès inaltéré en dépit de tout.
Le sens de l’histoire et tout et tout.
Curieuses rhétoriques complotistes dénonçant d’invisibles prêcheurs de la décroissance verte (et même brune) qui dirigeraient le monde et contrôleraient les médias complaisants et anxiogènes.
Pourtant, aux commandes du parti-métropole, certains se font producteurs de climat anxiogène et communiquent à tout va dans les médias.
Ils gouvernent par la peur quand le désir ne marche plus.
Crash imminent d’un ou plusieurs aéronefs sur la ville.
Saturation de Nantes Atlantique, promu le temps d'une farce médiatique, aéroport militaire, avec aéronef armé survolant nos toits et écrasant nos tympans comme si on était à Alep.
Nuisances extraordinaires.
Isolement de la ville des grands flux mondiaux.
Étalement urbain compromettant la venue des générations futures.
Terrorisme, violence et criminalité des opposants et autres marginaux.
Etc.
Derrière ce rideau de fumée anxiogène.
On comprend peu à peu qu’il s’agit d’un opération de prestige et de pouvoir menée par des big men, dans une construction idéologiquement datée, mais recyclée dans une relation particulière au néo-capitalisme des grands groupes français.
Quelque chose comme administrer la preuve de leur pouvoir, comme on administre un suppositoire à la faculté de médecine.
Une grosse opération immobilière.
Main basse sur le foncier.
Six mille logements annoncés d’ici vingt ans sur des zones « libérées ».
La main sur le cœur.
Densifier la ville est une nécessité pour lutter contre l'étalement urbain et vivre près des services.
Mais installer l’aéroport à la campagne, ce n’est pas de l’étalement urbain. Les infrastructures de la ville, ce n’est pas la ville.
On rêve.
Bientôt, un deuxième périphérique, attention, ce ne sera pas de l’étalement urbain.
Et puis un nouveau pont dans l’estuaire, faut être cohérent.
Et ma main dans ta gueule, pour le même prix.
Les yeux ouverts.
Si l’on prétend reconstruire la ville sur elle-même, alors on peut aussi reconstruire l’aéroport sur lui-même.
Et l’invention est là.
L’aménagement est multiple.
D’autres logiques que la croissance indéfinie des plus gros centres et la concentration des activités dans des pôles de plus en plus gros et de moins en moins nombreux, une maternité géante, un hôpital géant, une prison géante, un centre commercial géant.
De ce capitalisme de forcénés qui court dans les tuyaux du projet métropolitain.
Mon dieu.
Bon dieu.
Oh, mon dieu.
Ma bécane crame par terre.
La liste infinie des ZAD et des chantiers absurdes, de la fragilité de l’humain.
Tous ceux qui aiment taper dans un ballon devraient aller voir le méta-chantier exploratoire de privatisation urbaine du football Vinci/Olympique Lyonnais, maelström côté en bourse et dans les imaginaires du parti des passions tristes.
Tout, absolument tout, peut devenir marché.
Faire marché.
Tout.
De l’amour à la mort.
La poésie.
Mourir en dégageant un bénéfice.
Rien n’est impossible.
Nulle barrière morale n’est suffisante pour empêcher la transformation d’une activité humaine ou non-humaine (les grenouilles, le CO²) quelconque en marché.
Système sorcier.
Tacle par derrière.
Il s’agit d’autre chose.
De coup de gueule, coup de pied au cul et de contre-scénarisation.
Carton rouge.
Oui.
Trois ans de vigie citoyenne tous les jours devant le Conseil Général de Loire-Inférieure.
Oui.
Conférence de presse en préfecture de Nantes, 11 octobre 2011.



Tout le monde ne pense pas la même chose.
Pas plus en aménagement qu’ailleurs.
La conflictualité de la société se rejoue dans la science même.
Et dans sa forme appliquée.
Mêmes contradictions, illusions, projections, intérêts, confrontations.
Seuls les contextes d’apparition, d’énonciation et de résolution changent.
L’idée même de neutralité de la science, de son objectivité.
Au dessus des partis et des opinions.
La neutralité de l’aménagement, garante de l’intérêt collectif.
Pschitt.
Walter Christaller (1893-1969).
Die zentralen Orte in Süddeutschland.
Ce géographe allemand est connu des étudiants de géographie pour être l’inventeur de « la théorie des lieux centraux », une explication incomplète de l’organisation hiérarchisée des systèmes de villes.
Un spécialiste du retournement de veste.
Ancien social-démocrate, il collabore au projet nazi dans les années trente.
Il adhère au Parti en 1940.
En tant que scientifique, en tant qu’aménageur.
Il applique ses modèles théoriques du réseau urbain pour reconfigurer l’espace polonais et biélorusse purgé de ses « Juifs », de ses « Tziganes » et de ses « Slaves ».
Office de planification du Commissariat du Reich pour le renforcement du peuple allemand.
Planification de l’espace vital.
Le lecteur se gardera de voir là un effet de l’âme allemande. Plutôt un exemple documenté des relations que la science et la technoscience entretiennent avec le politique. Il est invité à se documenter sur la géographie coloniale française, spécialiste de la race et de la racialisation, cette capacité à mettre de la race là où il n’y en avait pas et à produire ainsi une modernité raciste, à l'intérieur même d’un discours universaliste.
Aménagement et conflit.
Loin des géographes qui veulent nous rassurer, la main sur la bouche.
Les productions foisonnantes de la géographie : circulations, identités, genre, conflit, médiation, justice spatiale et environnementale, habiter, invention de formes inédites. Une géographie qui se dit parfois critique, mais souvent ne dit rien et fait sans nommer.
Ré-articuler le matériel et l’idéel.
« Continuons de rester nous, la magie de notre manière d’être, elle existe toujours, parce que y a des trucs qui vont nous foutre chaud la haine, qu’on se laisse pas ronger par ça, qu’on garde notre joie de vivre. Les réalités physiques sont pas toujours les plus fortes. »
Le corps et l’esprit par le milieu.
Percevoir la dynamique partagée des environnements.
De nouvelles relations au territoire.
Justice spatiale.
Marx géographe animiste.
Marx queer.
Passage modeste cependant de cette géographie dans l’espace public de la connaissance et de la délibération. Comme souvent dans le grand monde, c’est une géographie de la révérence et du contrôle social qui parle au nom de toute la corporation.
Pourtant.
Conflits.
Multiplication des conflits.
Jésus n’aurait pas fait mieux.
Les transformations de la société française et de la corporation depuis les années soixante.
Contestation des infrastructures autoritaires et critique de l'État jacobin d'une société atteinte de mélancolie post-coloniale.
Dégradation du cadre de vie et perte de la croyance au progrès.
On en dresse localement les avaries.
Puis, d’un coup, perception des avaries à toutes les échelles.
Décentralisation et mise en concurrence des territoires.
Des groupes sociaux.
Des groupes ethnicisés.
Construction de postures habitantes à identités multiples.
Réclamations de la Marche pour l'égalité de 1983 à Notre-Dame-des-Landes 2013 en passant par des mois d'état d'urgence comme si la guerre d'Algérie recommençait, toujours piloté par les mêmes ministres de l'Intérieur successifs et manipulateurs.
Montée du chômage de masse.
Bureaucratisation continue de la vie en société.
Multiplication des échelles et des instances de décision.
Augmentation des capitaux non formels de connaissance.
Formes nouvelles de circulation de l’information.
Mobilisations renouvelées.
Montée de cette nouvelle géographie détachée du lien ombilical avec l’autorité.
Géographie des inégalités.
Justice environnementale.
Justice spatiale.
Société, Espace, Justice (Alain Reynaud, 1981).
À l’époque, nous croyions que les inégalités se réduisaient.
Nous savons qu’aujourd’hui que la perspective est plus qu’inversée, démultipliée, controversée, complexifiée, politique.
Différence, inégalité, injustice.
« L’analyse des interactions entre espace et société est nécessaire à la compréhension des injustices sociales et à la réflexion appliquée sur les politiques territoriales visant à les réduire. »
À toutes les échelles.
Et puis, en même temps.
Par à-coups.
Ou par submersion lente.
Géographie de la colère.
Et même de la victimisation.
Nantes Métropole et la Région des pays de la Loire.
Victimes des Roumains, des anarchistes étrangers, des chômeurs en fin de droits, des jeunes et d’une localisation périphérique insupportable.
Au bord d’un océan.
Au centre d'une aire de chalandise atrophiée.
À tendance hémiplégique.
Un demi-cercle seulement.
L’autre moitié a disparu sous les eaux, il y a cinquante mille ans.
La moitié des clients potentiels d’Ago-Vinci sont des poissons et des crustacés.
Injustice du manteau terrestre et des réchauffements climatiques.
Injustice de la transgression marine.
Injustice boueuse du quotidien.



Le nouveau festival littéraire nantais devait s’appeler « Babel » en hommage à Borges, il s'appelle finalement « Atlantide ».
L’homme de l’Atlantide.
The Man from Atlantis.
Le feuilleton préféré de Raymond Barre.
« Atlantis, terminus François Mitterrand. »
Mark Harris, « l’homme de l’Atlantide », est joué par Patrick Duffy et doublé par Pierre Arditi. Dernier survivant de l’Atlantide, il a des mains palmées et vit habituellement sous l’eau. Il connaît de gros problèmes d’adaptation. Il doit porter des lunettes de soleil et ses extrémités bleuissent lorsqu’il reste trop longtemps au bord de la piscine. Il mange du plancton et traverse sans regarder.
- Où se trouve-t-il en ce moment ? 
- En ce moment, il se trouve dans le labo. Il est très docile, très coopératif. 
Ne manquez pas le prochain épisode.
Disparition inquiétante.
Bulletin Radio Klaxon sur le 107.7, la fréquence autoroute de Vinci.
Encore une fugue.
Non !
Si !
Mark Harris, le dernier survivant de l’Atlantide a été signalé sur la ZAD.
À suivre sur Radio Klaxon.
Il est passé par ici, il repassera par là.
Ouais, mec, il fait partie de ceux qui restent quand ça se disperse.


Janvier 1973.
Éditorial jauni des Cahiers nantais, le dos carré collé a explosé.
« Nous sommes dans une période de vieillissement rapide des courants de pensée et des disciplines intellectuelles. L’aménagement de l’espace qui est l’un de ces courants et l’une de ces disciplines est-il déjà affecté par cet entraînement fatal ? Ses méthodes ne sont même pas définitivement mises au point ; peut-on déjà y pressentir une évolution vers des techniques, des recettes qui n’ont plus la chaleur de la vie et qui sont une sclérose ? En un mot, ne voit-on pas se profiler le risque d’une organisation volontaire du monde extérieur dans laquelle la finalité humaine, la signification humaniste n’auraient pas la part primordiale qui doit être la leur ? Sous cet angle, ce numéro des Cahiers nantais est un appel à l’attention et à la prudence. »
Trente ans plus tard, Arjun Appadurai, publie sa Géographie de la colère et affirme que la démocratie n’est pas le consensus.
Mais, par définition, l’espace d’une délibération conflictuelle.
Un espace de rapports de force.
Être conflictuant ou n’être rien - être soumis.
Nombre des conflits d’aménagement en forte augmentation sur les dernières décennies
Seuil de conflictualité en abaissement continuel.
Démocratisation du conflit.
Alors faut-il supprimer la démocratie pour aménager.
Tropisme chinois de la croissance folle et du dérèglement maximal.
De cet emballement dont personne ne serait vraiment responsable.
Ainsi la toupie à béton n’est pas tout.
La géographie sociale et culturelle, mais aussi d’autres spécialités plus proches de la toupie, ont montré que la partie « aménagement », « infrastructure » ne constituait qu’une part de l’aménagement. La part dominante de l’aménagement, c’est la gestion collective, elle aussi conflictuelle, de l’existant et de ce qui est à venir
« Les réalité physiques ne sont pas toujours les plus fortes. »
Gestes d’invention, paroles de médiation, modes d’évaluation, mécanismes d’usage, de partage et de contrôle, anticipation, réversibilité des projets.
Biens communs.
Gratuité.
Pluralité et formation de la décision collective.
Retour critique sur vingt ans de projets métropolitains.
À Nantes et ailleurs.
Faire grossir l’échelle de référence de la vie sociale.
De plus en plus gros.
De plus en plus concentré.
Vider les villes petites et moyennes.
Dévaliser les plus petits que soi, au nom de calculs tronqués et par défaut d’un imaginaire pluriel.
L'intérêt général représenté par ce qui est gros et concentré.
Derrière le voile de la concentration et de l’économie d’échelle.
Derrière le grand déménagement.
Le pouvoir.
La norme.
La bureaucratie.
Le néo-capitalisme.
La féodalité avec réseaux sociaux.
Le Prince.
Une atteinte.
Un tir de missiles contre le bricolage permanent des acteurs, qui dit pourtant l’usage.
Ne pas vivre pour l’infrastructure.
Vivre et usager l’infrastructure.
À tout moment, le fétichisme de l’infrastructure peut prendre le dessus sur la formation sociale et la recherche du bien commun.
Le bricolage des acteurs comme (a)ménagement non formel.
Une invention horizontale, une tricherie avec la norme inapplicable.
Avec la décision ferme et inhumaine.
Avec la délocalisation des moyens d’existence.
Avec la forfanterie du gigantisme côté en bourse.
De l’accueil à distance surtaxé ou inaccessible.
Le propre de l’humain, le bricolage.
Comme concept.
Geste de proximité.
Situation.
Alternative au Prince et à son parti-métropole.
Le bricolage permet à la société bureaucratique de fonctionner encore.
Part non formelle et non reconnue de l’innovation.
Il existe aussi dans la recherche savante et en constitue même une modalité essentielle à sa réalisation. Sans bricolage, sans situation, il n’est que bureaucratie de la recherche, c’est-à-dire juste une bureaucratie.
Interdire le bricolage.
Ne jouez pas avec les allumettes.


Le plus avec et le moins contre.
Gilles Clément, paysagiste passé par l’estuaire publicitaire, auteur du biblique Tiers-Paysage, dit faire « le plus avec et le moins contre ». Si cette approche du jardin et du végétal, du non-humain, est à la fois esthétique et opérationnelle, elle est une métaphore du social.
Dans le système éducatif qui réalise peu à peu les prophéties des années soixante-dix, monopole radical et contre-productivité.
Faire avec les enfants, plutôt que contre les enfants.
Aujourd’hui déscolariser la société française et resocialiser son école.
Stopper l’infantilisation généralisée et indéfiniment prolongée.
La notation de l’humain.
Dans le système de santé qui enfle démesurément, alors que l’espérance de vie et de bien-être après avoir stagné, est aujourd’hui à la baisse.
Faire la santé avec les patients, plutôt que contre les patients.
Aujourd’hui démédicaliser la société et resocialiser la médecine.
Dans le système de l'entrepreneuriat.
Dans le système de transports.
Dans l’aménagement.
Etc.
Mais nous allons dans l’autre sens.
On vend des droits à polluer, on les met en bourse.
On vend des compensations environnementales et on en créé le marché à toutes les échelles.
On ouvre le grand marché de la dépendance de l’âge.
On ferme tout ce qui est petit, moyen.
Stratégie macrocéphale globale.
La grosse tête comme religion.
On scolarise l’université.
On désocialise l’école.
On infantilise les chômeurs pourtant entrepreneurs d’eux-mêmes.
Une société du contrôle adossée aux nouvelles technologies.
Bientôt, toute la métropole surveillée par les puces électroniques de nos cartes pour tout : circulation, travail, consommation, amitiés, amours, pensées.
Le programme du parti-métropole est résumé ici, dans ce nouveau slogan.
Toute l’intelligence d’une puce électronique associée à la « technologie sans contact ».
Ne riez pas.
Même le billet high-cost pour aller à l’aéroport international Nantes Atlantique tout proche reste exclu de tous les abonnements.
Vous vous souvenez, les parkings, la vache à lait.
Il n’est que quelques éleveurs pour refuser le puçage électronique de leurs animaux, dont la seule justification est le dérèglement complet du marché agricole.



They said « Captain », I say what ?
Big men are watching you.
Obéir.
Consommer.
Jeter.
Voter.
Imaginer d’autres scénarios.
Aussi bas que raisonnablement possible.
Une voie possible de l’aménagement et de l’exercice du pouvoir.
Apories de la société mondialisée et finitude des ressources inclues.
Un autre optimisme que celui du moindre effort.
Un engagement prospectif.
Pour un euro de plus.
As low as reasonably practicable.
Principe d’humilité opérationnelle.
Depuis les champs professionnels du risque.
Plasticité sociale et spatiale.
Société de la connaissance partagée et de la médiation du conflit.
Ce serait le ménagement du territoire et de la société.
Une forme du bon sens.
Ménager.
Comme nommer sans blesser.
« Zadiste ? C’est quoi, cette étiquette de connard qu’on s’colle sur la tête ? Je vis ici, je suis squatteur, mais je veux plus qu’on m’appelle zadiste. »
Resocialiser la relation.
« Parfois, je les appelle les résidents, les squatteurs, les habitants, ça dépend de l’humeur. »
Ne pas éradiquer les contre-pouvoirs, plutôt que de créer des fictions participatives. Laisser monter la poétique de la relation qui fait la vie humaine dans le territoire.
Le pas de côté.


« Depuis le premier janvier, les agriculteurs se considèrent comme des squatteurs. »
À domicile.
Utopie du ménagement.
C’est ce que nous avons déjà fait ici sans le dire assez.
Les luttes inscrites dans le territoire.
Imaginer.
La Loire-Atlantique 2013 réalisée aux normes du projet Oream 1971.
Pénétrantes autoroutières au cœur de Nantes.
Sidérurgie sur l’eau à Lavau (rachetée, puis fermée par Mittal).
Darses gigantesques sans navires.
Vaste zone industrielle en rive sud (fermée/délocalisée en Roumanie).
Centrale nucléaire au Pellerin, Green Capital 2013.
(une vingtaine « d’incidents » non signalés)
Une autre centrale nucléaire à Cordemais (submergé et ennoyé pendant la tempête Xinthia, son réacteur est encore sous surveillance continue).
Marinas et quatre-voies sur les marais salants de Guérande.
Une Loire canalisée de la source à l’océan, façon « quatre rivières ».
Effort d’imagination rétrospective.
Prospective maintenant.
Ménagement du territoire
Sous-section de l’université invisible.
Nulle part et partout.
Ménagement du territoire.
Rhizomes traversant toutes les échelles d’action.
Penser la ville.
Du lieu unique, faisons les villes plurielles.
Frugales et inventives.
Et les campagnes de même.


Oui.
Un autre N’importe Où est possible.
Une autre Corée.
Une autre Turquie.
Une autre RDC.
Un autre Mexique.
Une autre métropole.
Une autre Europe, province du Monde.
Le parc Gezi et la place Taksim.
Étrange miroir urbain offert au maelström nantais.
À Istambul, gigantesque métropole européenne mondiale.
Les mêmes causes produisent les mêmes effets.
Cent cinquante mille grenades tirées en quinze jours par la police turque.
J’adore ce gaz ! C’est quoi ?
Le gaz poivre est bon pour la peau.
Rupture de stock.
Alors, il n’y en a plus ?
Politiques urbaines néo-libérales.
Dépolitisation des espaces publics et clôture des espaces communs par bourgeoise néo-libérale colorée religion officielle.
Privatisation de la ville gentrifiée et touristifiée.
Atomisation et déportation des populations soumis au stress spéculatif.
Troisième pont.
Contrôle des médias et réduction des contre-pouvoirs.
Main basse sur la ville, spéculation 2.0 spécialiste des grandes tailles..
Hors-normes.
Rébellion stambouliote.
Free zone de Taksim.
« Le 29 mai, le président Erdogän s’obstine toujours : Quoique vous fassiez, notre décision concernant le parc Gézy est prise, et elle est définitive. »


De n’importe quel pays.
De n’importe quelle couleur.
La poésie.
Combat de l'intérieur.

To be continued.
Peace Frog.