Coalitions [part 1]

Bienvenue en zone humide².
Un matin de janvier.
Notre-Dame-des-Landes.
Brouillard glacial et mobile.
La ZAD a été découpée en une quinzaine de zones d'inventaire naturaliste et paysager.
Cartes, photos aériennes, fiches de relevé.
Deux cents personnes couvrent l'ensemble de la zone.
Nous commençons par une prairie renaturée avec traces de labour. Des traces de sanglier. Un campagnol des champs se fait attraper, ausculter, photographier. Il est libéré dans la haie la plus proche.
La voie du chevreuil.
On voit son cul au loin. Il bondit.
Inventaire et cartographie détaillée des haies. Discontinues, continues, arbustives et buissonnantes, avec ou sans talus. Les arbres avec cavités. Mares ouvertes ou fermées. Dimensions, acidité. Tritons marbré, vulgaire, commun, crêté, alpestre, palmé, grand triton. Œufs de papillon dans les aubépines, araignées d'hiver et de plein champ, aux toiles complexes à forte technicité. Le brouillard est dense. L'eau est partout. Des chasseurs au loin, un chien, un chevreuil. Il montre encore son cul, de bond en bond. Le chien, langue éjectée, renonce. Arrêt cardiaque. Un campagnol agreste aligne ses crottes incontestables.
« Avec l'épuisette, on tape tout. Le piégeage, c'est dangereux. Un piège mal orienté et ils se noient. »
Naturalistes traquant leur propres bavures.
Battue au zadiste crêté.
Bavure de policiers.
Quand le premier ministre est à Nantes, la ZAD est bouclée.
Vigie pirate bocager.
Danse avec les ronces.
Essartage, émondage.
Campagnol amphibie te dit que.
Lièvre qui montre son cul au chevreuil qui montre son cul au vivant qui montre son cul au gendarme qui montre son cul au juge qui montre son cul au journaliste qui montre son cul au lièvre.
Jugement des deux manifestants dénudés de la forêt de Rohanne.
Le crime sexuel a été requalifié en outrage.
Le 18 février au tribunal de Saint-Nazaire.
Quand l'accusation est drolatique ou burlesque, c'est pour les juges de Saint-Nazaire : une compagnie d'uniformes « chargée » par le tracteur d'un opposant historique de l'Adeca, un couple qui se dénude en pleine expulsion, la « destruction de terres » en bande organisée, tout çà.
Cinquante nouveaux clients se dénudent dans la ville ouvrière à qui on fait construire des paquebots de luxe.
Mandat d'arrêt sans suite contre le chevreuil.
Idem salamandre tachetée.
Devenue emblème de François 1er, celle-ci est sensée traverser le feu. Capacités susceptibles d’intéresser les bio-technologies et l'industrie du vivant, l’industrie de la guerre. Opportunité de brevets.
Vaches. Aubrac. Parce qu'elles résistent aux grenades lacrymogènes.
Idem.
Des vaches pour le maintien de l'ordre.
Des brevets, on veut des brevets.
On parle à midi.
On parle de Nantes Atlantique, le vrai aéroport.
« Les avions au départ de Nantes Atlantique détruisent le lac de Grand-lieu. »
Grand-lieu.
Lac naturel d'effondrement.
Au sud de l’agglomération.
Plusieurs milliers d’hectares.
Réserve naturelle nationale sur la zone centrale du lac depuis 1980, adossée à d’autres périmètres de protection.
Un morcellement parcellaire poussé.
Un grand parfumeur a légué son domaine.
Label Natura 2000 depuis 2002.
« Les avions au départ de Nantes Atlantique détruisent le lac de Grand-lieu. »
Nouvel argument des grands élus qui dirigent d'une main sur la (notre) bouche.
Argument à durée de vie courte.
Du nitrate d'azote rejeté par la combustion.
Du kérosène.
Moins qu'avant.
Attendre et voir.
Les populations d'oiseaux copulent et croissent sans porter intérêt aux survols.
Le devenir du lac est autrement plus complexe et presque personne ne le connaît à Nantes.
Grand-lieu est « invisible » à sa façon.
Difficile à approcher.
Espace de battement à faible profondeur.
Zone d’écrêtage des crues.
Grand-lieu est en hiver le plus grand lac de plaine français.
Historiquement, le système hydraulique du lac est travaillé par les communautés riveraines. Les arrangements sont réalisés dans une certaine conflictualité. Celle d’un espace fortement artificialisé.
Le régime des eaux du lac dépend depuis des décennies d’un arrêté ministériel et son devenir des transformations socio-spatiales actuelles.
Vulnérabilités du lac selon l’Inventaire national du patrimoine naturel des sites Natura 2000.
« Envasement préoccupant du lac, lié aux aménagements agricoles du bassin versant et aux rejets polluants entraînant d'importantes perturbations dans le fonctionnement écologique de l'ensemble. Des travaux de dévasement et une amélioration dans la gestion des niveaux d'eau ont été entrepris récemment. Inquiétude également du fait de l'envahissement, pour l'instant localisé, de certains émissaires du lac par une plante aquatique exotique. »
Crise de botulisme.
Cinquante mille oiseaux à la casserole.
Urbanisation, productivisme agricole, eutrophisation, envasement.
Les gestionnaires choisissent de relever les niveaux d’eau au printemps et en été, aux dépens de certains usagers traditionnels. En 2001, une coalition d’éleveurs, de chasseurs et de pêcheurs obtient par une action radicale et formellement illégale, l’abaissement des niveaux.
La querelle s’enfle.
On s’envoie à la tête du « négationnisme scientifique » et des voies de fait. Loïc Marion, alors directeur de la réserve naturelle de Grand-Lieu et chercheur au CNRS, est « pris en otage, conduit dans les marais où il sera contraint de rester quelques heures les pieds dans l’eau. »
Le même Loïc Marion, pourtant brocardé comme naturaliste compulsif, décrit ainsi la menace aéroportuaire sur Grand-Lieu.
« Les avions ne gênent nullement la faune de la réserve naturelle, puisque son survol s’effectue à plusieurs centaines de mètres de hauteur, bien au-delà des 300 mètres d’interdiction réglementaire de survol aérien de la réserve. » Le départ des avions aurait plutôt comme conséquence paradoxale la reprise du front d’urbanisation sur la rive nord du lac.
Retour sur la ZAD.
Plus loin, des coupes de chênes quasi-centenaires.
Fûts énormes de ces arbres de haie qui bénéficient des conditions exceptionnelles du plein champ, espace et ensoleillement, et font un gigantesque bras d'honneur au député-maire de Couëron, le spécialiste mondial des terres pauvres.
Les premiers fûts ont été tractés et évacués, il ne reste que les tas de branchages. Ici, on feint de croire que le barreau routier va vraiment être construit. Le chevreuil et son cul, bondissant. À nouveau. Trouant la haie et l'horizon.
Le disparu, à peine entrevu.
Dans un champs, loin de la route, un stockage de toilettes sèches et de matériaux de récupération. Ils réapparaîtront à la ferme de Bellevue. Un fil à linge dans un bosquet pas loin du chemin de Suez.
Un seul exploitant sur une cinquantaine a refusé le parcours de ses terres aux naturalistes.
Un Chiapas vicinal en préparation.


Vaut mieux qu'un stade Chile en partenariat public-privé.
Les « naturalistes en lutte » créent un système d’information géographique avec les données collectées lors des différents inventaires. Une pratique partagée, une cartographie numérique, un blog, une liste de diffusion relient les acteurs, la connaissance et le terrain, déplaçant l'expertise du vertical vers le mixte et le réticulaire, le sensible et le partagé.
Position de recherche sans position.
Motion sans congrès.
Colloque singulier de l’université invisible.
Projet d’écriture de ce texte.
Écrire comme Paul.
Zéro romantisme, zéro agressivité, zéro misérabilisme.
Février 2013.
« Sur la ZAD, y a que les animaux qui sont bien logés, tous les autres, y souffrent. »
La ZAD va plus ou moins bien.
Conditions de vie dantesques question confort moderne.
L’année est une des plus humides des dernières décennies, la ZAD est une immense éponge, les fossés sont des piscines d'eau claire qui viennent lécher les bitumes. On visualise la puissance de l’inondation dans les bassins-versants. Au même moment, la partie est du périphérique est sous les eaux, comme chaque année, immobilisant les flux automobiles déviés dans toute la voirie nord-est de Nantes.
Le harcèlement policier tient compte de ses propres errements.
Les opérations d’évacuation d’octobre et novembre 2012 ont échoué parce que la violence policière est limitée localement par de multiples contraintes.
Réactivité et solidarité immédiates.
Normes européennes.
Présidence normale.
Capitale verte.
Nationalisation, puis internationalisation du conflit.
On ne peut pas arrêter, brutaliser et expulser tout le monde sans coût politique majeur. D’autant que les violences et maladroites gesticulations militaires ont principalement soudé et développé la coalition des opposants.
Le scénario malien est tentant, mais réaliste, il ne l’est pas.
La ZAD n’est pas l’Azawad et l’Acipa n’est pas le Mujao.
Pas de guerre-éclair dans la boue sub-métropolitaine.
Pas de possibilité de contrôler toute l’image.
De dire comme Captain Flamby.
Nous n’avons aucun intérêt ici.
Nouvelle stratégie.
Harcèlement de basse intensité.
Zèle.
Nocturne.
Ciblé.
Sur les approvisionnements.
Sur les gens endormis, isolés.
« Toute une partie de la ZAD souffre, il s'agit de la zone nord de La Paquelais. Parce qu'elle est harcelée chaque nuit par les flics, parce qu'elle ne dispose, ni d'électricité ni d'eau courante, ni presque de ravitaillement faute de moyen de transport. Je ne rentre pas dans les détails, il n'est pas nécessaire d'informer plus nos ennemis, mais je vous assure qu'il y a urgence à soutenir cette zone, y compris moralement, donc je vous fais part d'une petite liste de ce qui y est demandé prioritairement : recharges de tél. « Lyca Mobile » ou d'une autre marque que je ne peux pas citer ici mais que certains d'entre vous doivent connaître, nourriture et vêtements (surtout chaussettes ), tabac + feuilles, et un peu d'alcool (pour tenir les tranchées comme en 14!), les AAA et chargeurs de piles, des bougies, du PQ, bouteille de gaz, une antenne radio pour capter internet, et une machine à laver le linge écologique (on m'a montré une photo: c'est un tambour de lave-linge derrière un vélo !).
Tout est à livrer directement sur les barricades, et aux alentours, il y a urgence. »
La question de l’autonomie rêvée et en partie brisée par l’occupation policière.
Aide d’urgence, appel au secours, déstructuration de la ZAD.
« Elles s'affairaient dans les conteneurs du Super U de Vigneux-de-Bretagne, dimanche après-midi. Deux jeunes femmes ont été aperçues vers 16 h 30, les mains plongées dans des invendus du supermarché. Elles étaient à la recherche de nourriture. Elles avaient escaladé l'enceinte du magasin. Les gendarmes mobiles les ont interpellées et placées en garde à vue. »
Présence policière surdimensionnée dans toute la métropole.
Quatre par quatre.
Autour des bâtiments publics.
24/24.
Le fourgon anti-émeute, nouveau mobilier urbain.
Nantes, capitale maintien de l’ordre européenne 2013.
Rue de l’Hôtel de ville interdite aux manifestants.
Un coût faramineux.
Extravagant.
Infiltrations.
Peur des poursuites et condamnations qui se multiplient au fil de l’eau.
Effets collatéraux de la pression policière.
Usure, fragmentation, nécessité de repos à l’extérieur de la zone.
Mutisme.
«  Ce n’est pas important d’où je viens. »
Ellipse biographique.
Délocalisation militante et bolchévique du réel de la vie.
Amputation du récit de vie policièrement induite.
ZAD infiltrée.
Part considérable de l’activité policière consacrée à la surveillance de la zone et des espaces reliés. Fusion gendarmerie-police dans une section mobile de cinema novo et une cantine numérique sans tabous. Création d’un live-show multimédias à écrans multiples dans les locaux dédiés.
Ici, on trouve un carnet rempli de numéros de téléphone. Ici, on fait entendre des enregistrements de squats sonorisés. Là, on cartographie les connections téléphoniques. Là, on arrête des militants dans la rue, en plein centre-ville de Nantes, sur photographies ou parce qu'ils ont de la boue sur leurs vêtements. Même les contrôleurs des transports publics sont suspectés de collaborer. Paranoïa. La surveillance, la documentation policière de la ZAD sont certaines et même efficaces.
On arrête.
On met en examen.
On interdit de séjour sur la ZAD ou le département.
On condamne.
Amendes, prison, casier.
La durabilité juridique d’un opposant.
DLC courte.
Mais cet espionnage policier est d’abord performatif dans l’effet qu’il produit sur ceux qu’il espionne. La solution mutique fait la fermeture à l’autre. Un inconnu, menaçant parce qu’il est possiblement l’ennemi, le collaborateur policier, tandis que le journaliste sous contrôle se promène en spectre d’informateur dans le drame shakespearien de la ZAD.
Hamlet à Nantes Métropole.
Alors que l’autobiographie live est un acte clef des mouvements de l’émancipation.
La renomination collective en « Camille ».
Tentative d’échapper poétiquement à la contrainte.
Échappatoire modeste et queer.
En allant plus loin, l’action policière d’espionnage et de contrôle se déploie comme une atteinte à la poétique de la relation.
À la poésie de l’habiter.
La surveillance est à ce titre, et avec la même force que la publicité politique métropolitaine et la démocratie occupationnelle, une arme de destruction massive de la poésie, mise au service du parti des passions tristes.
Une atteinte à la souveraineté poétique.
Une bastonnade du contrat social.


Coalition.
C’est le mot savant pour définir le processus en cours depuis 1972 autour de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes.
À différentes échelles articulées entre elles.
Ce processus, c’est la coalescence des oppositions et des opposants au projet. Pour beaucoup d'entre eux, la rencontre n’a lieu qu'à l’occasion dudit projet, et même de la répression qu’elle suscite. La coalition constitue en elle-même un événement socio-spatial. Elle contient l’université invisible à l’échelle 1/1 qui la contient aussi, sans se confondre.
Magie de la coalition.
Système d’acteurs évolutif.
Étrange conflit sans leader, modalité qui panique les Big men et les salariés du parti des passions tristes.
Système réactif initial contre un projet, la coalition développe souvent des excroissances inattendues. La coalition est un méta-système spatialisé complexe, parfois chaotique. Par système spatialisé, nous disons qu’il n’y a pas ici de « hors-sol », même la matière du net a son mode de production concret et localisé. Par méta-système, nous disons que la coalition est reliée à d’autres coalitions, plus petites ou plus grandes, spatialement et temporellement différenciées.
L’ancrage territorial des luttes en Basse-Loire.
Quel aveugle ne l’aurait pas vu.
La lutte est devenu un élément du territoire.
Par chaotique, nous observons qu’à de nombreux instants, la confusion règne. La vie n’est jamais bien ordonnée.
La coalition naît d’une situation qu’elle ré-engendre en la réorientant et en l’amplifiant, produisant de l’inédit.
Une ZAD-TAZ par exemple.
Zone Amphibie Déprogrammée -Territoire Aménagement Zéro.
Zone d’autonomie temporaire.
Elle comprend des acteurs de tout statut. Lorsqu’elle devient véritablement une coalition victorieuse, c’est qu’elle permet à toutes les catégories d’acteurs de contribuer au succès de l’action commune.
Invention, innovation, esprit d’entreprise.
On prend le temps.


La coalition renouvelle partiellement les conditions de l'échange socio-politique et elle est souvent le lieu d’émergence de nouveaux acteurs, ou celui de la reconnaissance d’acteurs à faible statut.
Émergence.
D’une autre expertise, d’une autre parole, en contre ou en pas de côté.
La coalition peut accueillir des acteurs formels et/ou institutionnels.
Bien sûr et c’est même bien plus facile en apparence.
Ça va plus vite.
Le projet de deuxième aéroport toulousain au milieu des années deux mille est abandonné rapidement. La coalition anti-aéroport est adossée aux élus socialistes du département et de la région, hostiles au maire UMP de Toulouse, le porteur du projet.
conseillers régionaux, conseillers généraux, maires – à l’exception de celui de Toulouse, Philippe Douste-Blazy, qui, lui, souligne le manque d’audace des élus, qui voudraient construire le nouvel aéroport chez les autres - dénoncent ce projet comme un nouvel épisode de l’impérialisme des villes vis-à-vis de l’espace rural. Certaines associations vont même jusqu’à considérer qu’après avoir exporté leurs déchets vers les zones rurales, les grandes villes veulent y exporter leurs nuisances sonores. »
À Nantes, l’absence de concurrence politique et le cumul des mandats entre collectivités escamotent cette part de la discussion, d’autant que le projet d’aéroport est en sommeil ou encore discret lors de la transition électorale entre droite et gauche.
Gainsbourg le disait déjà.
« J’ai retourné ma veste, mais l’intérieur est en velours. »
Les dossiers de l’Association contre un nouvel aéroport toulousain, montrent que la présence d’élus décisionnels dans la coalition ouvre la parole politique formelle. La mythologie métropolitaine et l’ambition que son attractivité résume le devenir des territoires sont contredites pied à pied.
« Jusqu'à présent la pression de Toulouse a été subie. »
« Partenariat avec la métropole pour répartir le développement. »
« Délocaliser pour développer les villes moyennes en accord avec la métropole, et non pour les mettre à l'ombre de la métropole. »
Frasques de Méridionaux, on nous dit même que les élus se seraient engagés à ne pas rouvrir le dossier avant trente ans. Aujourd’hui, la mairie de Toulouse a changé de couleur politique et a été reprise à la droite et à ses héritages familiaux, à son projet d’aéroport.
Un autre imaginaire, le temps d’une valse.
« Certains politiques ont besoin de lancer un projet symbolique coûteux sur cinq ans. Dans un mandat, une belle inauguration se voit. Mais il faut être courageux et revenir à des modes de vie plus raisonnables »
« Faire dans le grandiose, se dire qu’on est pas un homme politique si on n’a pas sa gare ou son aéroport… c’est l’imaginaire des grues de Dubaï, un problème d’imaginaire collectif. »
On voit qu’il y a dans la coalition, de l’aléas.
Une configuration politique.
Une opportunité.
Une histoire locale.
Un territoire.
Une fenêtre de tir.
Un AZF.
Trente-et-un morts sans ordonnance.
« VILLAGE EN DANGER
Vinci déporte la population. »


Conflits
Le Ministère de l’Environnement publie en juillet 1996 un rapport à la ministre Corinne Lepage.
Débat public et infrastructures de transport.
La Commission nationale du débat public vient d’être créée.
Les rapporteurs évoquent en introduction deux ornières jugées très françaises, la « détermination à priori de l’intérêt général » et le « déficit de participation ».
Une question de culture politique.
Les rapporteurs.
Énumération.
Temporalité longue.
Imbrication des échelles.
Montants investis.
Conséquences largement imprévisibles des aménagements.
Intérêts souvent contradictoires, entre forts et faibles notamment.
Dommages subis par d’autres que les promoteurs de l'infrastructure.
Question de la protection et de la conservation.
Pertinence même de l'investissement.
Concurrence dans le choix des investissements.
Ni la détermination de l’intérêt général, ni la méthodologie d’approche ne sont faciles à définir.
Les rapporteurs nomment « disjonction » ce système de contraintes croisées, que les procédures d’alors (1996) sont incapables de prendre en charge autrement que sous la forme de l’affrontement ou du déni.
Traits de plume et lieux communs.
Explication généralisée par le phénomène NIMBY.
Mono-causalité utilisée par ceux des aménageurs qui prétendent que la concertation est inutile et se révèle peu efficace.
Les opposants dans des systèmes spatialisés complexes.
Intérêt général ou somme d’intérêts particuliers.
L’enquête publique est réalisée quand le projet d’infrastructure est déjà acté, généré et cadenassé. L’enquête publique ne sert qu’à obtenir la déclaration d’utilité publique.
La DUP lance les expropriations.
Fantaisie banale d’élus.
Contrats quelquefois signés avant la DUP.
Au printemps 2007, la SNCF commande au nom de la région Pays de la Loire, des voitures tram-train.
Quinze mois avant l'enquête publique ouverte en juin 2008.
Le vice-président de la région, chargé des infrastructures, répond au plaignant que « si on attend que les infrastructures soient opérationnelles pour passer les commandes, les lignes seront prêtes mais n'auront pas de matériel roulant. »
Le plaignant, un expert transport, propose une alternative rail urbain.
Séduisante et documentée.
Plus rapide et plus sûre.
Un mode créatif de déplacement.
Rejet dans l’enquête publique.
La DUP, validation juridique du projet de la Région.
1996-2013.
La mutation est loin d’être terminée.
Le rapport de 1996 signale un moment de forte évolution des relations entre les acteurs de l’aménagement, malgré les réticences au changement chez de nombreux responsables de projets, malgré le refus de la contre-expertise et celui d’une expertise partagée.
À Nantes, une véritable enquête publique aurait dû être menée sur la question aéroportuaire dans son ensemble.
Avec un autre territoire de référence que les communes impactées par la ZAD.
La Commission du débat public préjoue l’enquête publique.
Débat intitulé.
Projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, aménagement d'un site aéroportuaire pour le « Grand Ouest » à Notre Dame des landes.
Chambre d’enregistrement.
L’enfermement dans le dispositif 1967-1974, localisé à Notre-Dame-des-Landes, dans un contexte qui aujourd’hui n’est plus, réduit le travail de la Commission du débat public, puis de l’enquête publique à une farce administrative – 82 % de contributions hostiles au projet, démission de deux commissaires-enquêteurs.
Avis favorable.
DUP.


Tout au plus, le débat nourrit-il la dynamique de la contre-expertise.
« Grand ouest », grand burlesque.
Bassin de chalandise théorique pour officines.
Le bilan officiel du débat pointe lui-même ses propres défaillances.
Ouais, man, le débat est appuyé sur la documentation des porteurs du projet.
Ceci exclut de « refaire en profondeur le dossier du débat, dont il faut rappeler qu'il est de la responsabilité du maître d'ouvrage ».
« Faut-il aller plus loin et considérer qu'un "véritable débat public" suppose une présentation exhaustive de toutes les options possibles ? Dans l'absolu et pour l'avenir, il est certain que les débats publics devront avoir lieu en amont des projets, à un moment où les études sont suffisamment avancées pour que l'on ait un dossier précis, mais où en même temps les options restent ouvertes et où rien d'irréversible n'a été décidé. Mais aujourd'hui, et pour quelque temps encore, nous sommes dans une phase de transition : la Commission nationale du débat public est saisie de projets dont les "caractéristiques essentielles" n'ont pas fait l'objet d'une publication, mais qui ont néanmoins déjà quelques années de vie et il est donc inconcevable de faire comme si certaines options n'avaient pas déjà été prises. »
En 2006, Philippe Subra cartographie l’activité de la Commission du débat public depuis sa création.
Un seul aéroport mis au débat.
Curiosité.
Résidu.
Trace.
Fossile vivant d’une époque disparue.
Kafka muté de la Commission d'appel d’offres à la Commission du débat public.
D’autres acteurs publics vont encore plus directement à l’absurde.
En 2006, pour tester une piste perpendiculaire à Nantes Atlantique, les services du Conseil général font un copier-coller du projet NDDL à deux pistes sur la plate-forme actuelle et concluent à l’impossibilité de cette alternative.
Ainsi, le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes survit à la mutation des procédures d’aménagement.
Projet daté dans ses objectifs, il l’est aussi dans sa méthodologie.
Processus de détermination de l’intérêt collectif du projet menés formellement dans les années 2000, mais en réalité taillé aux normes des années 60 et 70.
Le conflit.
Oream, mon amour.
(copyright Margerite Duras, 1970)
Une dissonance non seulement spatiale, mais aussi temporelle.
Le vieux a nourri le vieux.
C’est kif-kif, mon blédard.
Contradiction avec le discours métropolitain de la créativité.
Avec cette idéal de laboratoire du changement urbain, dont le plan-guide de l’île de Nantes a été proclamé bonne pratique remarquable.
Avec la plasticité, la réactivité d’une société de la connaissance.
La gestion de la réunion est conçue pour tuer le temps, tuer l’échange, tuer l’interaction.
Tous les apports experts extérieurs sont rejetés et les critiques éludées.
Ça promet.
Double discours, double pratique.