Nantes Atlantique [part 2]

La réforme aérienne entamée dans l’Union Européenne au premier janvier 1993 a d’abord libéralisé les transports aériens.
Concurrence, décentralisation et privatisation.
Air France est privatisée en 2003.
Puis les plate-formes aéroportuaires.
« Aéroports de Paris est devenue une société anonyme, dont le capital a été ouvert de manière minoritaire aux investisseurs privés en 2006. »
En 2007, plus de cent cinquante aéroports appartenant à l'État sont transférés aux
collectivités territoriales ou à leurs groupements.
Création des premières sociétés aéroportuaires.
Les grands aéroports régionaux.
Nice, Toulouse, Lyon, Marseille, Bordeaux, Nantes, Strasbourg, Montpellier, Pointe-à-Pitre, Fort-de-France, Saint-Denis de La Réunion et Cayenne sont exploités de longue date par les Chambres de commerce et d’industrie dans le cadre de concessions délivrées par l’État.
Ils restent de la compétence de l’État.
Mais ce qui se passe à Nantes Atlantique et alentours est en fait une première.
Crash-test privatisation.
« Cet ensemble constitue la première concession aéroportuaire à capitaux privés en France ».
L’étendue spatiale, la durée et la manière employée dans cette concession infirment radicalement le provincialisme et la xénophobie des décideurs qui contestent tout regard extérieur sur ceux qui sont à la manœuvre.



Pour mémoire.
Rupture des engagements du Grenelle de l’environnement.
Plus sérieusement.
National-libéralisme dans spirale marchande européenne et dimension environnementale globale sous sédatifs métropolitains.
École supérieure des arts maffieux.
La concession Vinci-Ago en tant que première nationale.
« Le 30 juillet 2010, à l’issue de la phase d’analyse des offres, le ministre de l'Écologie et du Développement durable a désigné le concessionnaire pressenti pour la reprise des aéroports de Loire-Atlantique et la réalisation de la nouvelle plateforme de Notre-Dame-des-Landes ; il s’agit du groupement conduit par Vinci.
Une fois mis au point, le contrat de concession a été signé le 30 décembre par le secrétaire d'État chargé des Transports après approbation par décret du 29 décembre de la convention passée entre l'État et la société concessionnaire Aéroports du Grand Ouest pour la concession des aérodromes de Notre-Dame-des-Landes, Nantes-Atlantique et Saint-Nazaire – Montoir et du cahier des charges annexé ; et avis favorable du Conseil d'État dans sa séance du 21 décembre.
La mise en place opérationnelle de la concession aéroportuaire est effective depuis le premier janvier 2011. L’opérateur retenu a en charge l’ensemble Nantes Atlantique (jusqu’au transfert), Saint-Nazaire-Montoir et Notre-Dame-des-Landes dans le cadre de la société dédiée Aéroports du Grand Ouest (AGO), composée de Vinci Concessions/Vinci Airports, la CCI de Nantes et Saint-Nazaire et ETPO-CIFE. »
Vous nous l’auriez dit plus tôt.
Cinquante-cinq ans pour y penser.
De Nantes Atlantique à Notre-Dame-des-Landes.
Un conflit d’intérêt sournois et manifeste dans l’attribution au même concessionnaire de la gestion de l’aéroport réel et la conduite du grand projet inutile imposé.
Le nouvel aéroport fantasmé.
Un Comité de suivi pour nous rassurer. Il oscille entre l’armée mexicaine et D’un château l’autre.
Le président du Conseil régional des Pays de la Loire.
Le président du Conseil régional de Bretagne.
Le président du Conseil général de la Loire-Atlantique.
Le président de la Communauté urbaine de Nantes-Métropole
Le président de la Communauté d'agglomération de la région. nazairienne et de l'Estuaire.
Le président de la Communauté d'agglomération de Cap Atlantique.
Le président du Syndicat mixte aéroportuaire
Ces sept hommes y ont seuls voix délibérative dans une coquille vide.
Le bateau ivre.
La nef des fous.
« Le comité a vocation à assurer un dialogue permanent sur la vie de la concession entre l'État, dans son rôle d'autorité concédante, et les collectivités territoriales et leurs groupements qui contribuent financièrement à la réalisation de l'aérodrome de Notre-Dame-des-Landes. »
Initialement et pendant des années, zéro argent public annoncé.
Le concessionnaire rit à gorge déployée derrière la porte.
La stratégie concessionnaire de l'État a une histoire en Europe.
Elle vient de la politique coloniale.


À mesure que la contre-expertise se développe, la durée de vie des arguments en faveur du nouvel aéroport se fait de plus en plus courte.
Même la création massive d’emplois.
Un argument qui touche les gens.
Chômage de masse aussi dans l’éco-métropole attractive.
Nantes-Est, mardi 12 février 2013, 10 h 12.
Djamal Chaab.
RIP.
L'emploi, un mensonge parmi d’autres.
Le lièvre est levé.
Il n’en reste rien.
Argumentaire du Parti des passions tristes, fin 2012.
« Oui à la dynamique des milliers d’emplois que générera cet aéroport, 5000 emplois directs ou indirects seront créés. »
Magazine municipal de Bouguenais, février 2013.
« Au nord de la Loire, 5000 emplois directs ou indirects vont être créés en lien avec l’activité aéroportuaire. »
Magazine municipal de Nantes, janvier 2013.
« Selon les études, un emploi direct est créé tous les 900 passagers. »
La Chambre de commerce et d’industrie, pourtant porteuse du projet de nouvel aéroport, infirme cet enthousiasme de propagandistes inquiets : elle ne compte que 1986 emplois directs, soit 551 emplois par million de passagers transportés, ou 1 emploi tous les 1812 passagers, taux que l’augmentation de productivité (enregistrement, manutention des bagages, etc.) réduit régulièrement.
Ces emplois sont transférés et non créés.
En l’état, l’actuel survol d’une zone urbaine demeure le dernier argument consistant des promoteurs du bruit chez les autres.
La dimension sonore.
« L’ornière sonore. »
Guillaume Faburel écrit en 2003 un article sur les conflits liés au bruit des avions dans les Cahiers Nantais, la revue de géographie de l’Université de Nantes.
Repenser la place des territoires locaux dans l’environnement des aéroports.
Il pointe la montée des conflits de riveraineté autour des grands aéroports internationaux malgré des efforts considérables de réduction du bruit. « L'arsenal réglementaire est impressionnant. Il articule actions sur la source et sur la réception du bruit, curatives ou préventives, de nature technologique, économique ou procédurale. »
Certifications des aéronefs selon leur niveau d’émissions sonores.
Normalisation des pentes de décollage et d'atterrissage (procédures dites de moindre bruit).
Redéfinition des trajectoires de survol des aires urbanisées.
Taxes et sanctions financières.
Plan d’exposition au bruit, plan de gêne sonore, indemnisations.
L'exposition au bruit diminue en théorie, mais la gêne augmente comme son expression sous forme de résistances habitantes souvent coalisées. En réalité, on constate un hiatus entre la mesure technique du bruit, sa perception techno-scientifique et sa perception socio-spatiale, le vécu sonore des habitants. Ce hiatus, c’est « l’ornière acoustique », c’est-à-dire le repli sur la seule donnée objective du sonomètre. C’est aussi « l'empreinte des territoires », c’est-à-dire le vécu du bruit pris dans un système habitant global. « Le bruit des avions est bien, aussi, pour ne pas dire surtout, une question territoriale, qui, par ses effets sociaux et spatiaux, convoque représentations et pratiques spatialisées dans les débats. »
« Le terme de compensation économique, sociale ou spatiale notamment des charges environnementales imposées fait de plus en plus chorus. Cette doctrine poursuit l’objectif de bâtir l’acceptabilité sociale des plate-formes, donc de garantir leur insertion pérenne dans les territoires, et, alors, en retour l’opérabilité des équipements portuaires. »
À Nantes Atlantique, on ne se plaint pas.
Pas beaucoup, pas tant que ça.
Malgré les nuisances.
Modestie du populaire.
On se plaint avec modestie et dignité.
Ça te fait rigoler ?
Malgré le bruit aéroportuaire, pas d’opposition constituée dans les communes de Bouguenais ou Rezé. Pas d'association ou de revendication « bruit aéroportuaire ». Nuisances réelles, intenses au plus près des pistes. À coté du bruit décrit par sa saisonnalité ou par l’adresse de l’habitant, les anciens récits des traces de kérosène sur le linge.
En février 2013, le parti des passions tristes est enfin à la manœuvre pour créer quelque chose contre Nantes Atlantique.
Un mouvement, une vague, un tsunami contre-insurrectionnel.
Une révolte micro-populaire sous perfusion de la CCI.
L'école française de la contre-insurrection.
En fake.
Arracher ou lacérer les autocollants anti-aéroport sur les voitures.
Pour zélotes du parti des passions triste.
Une Vendée maussade de la nuisance sonore.
Un FNLC du bruit, canal acoustique.
Une fiction bonapartiste façon façon.
Payée par les millions du financement politique public.
Écho des contrats publicitaires des collectivités.
Partenariat avec France Télévisions pour « valoriser le fait régional », 900 000 € sur trois ans, versés à France 3 Pays de la Loire.
« La Région peut procéder à tout contrôle ou investigation qu’elle juge utile pour s’assurer du respect des engagements. »
Penser à la place de.
Il était temps.
Non.
Effet de territoire.
Le couple fonctionnel Airbus/aéroport évident pour beaucoup d’habitants vaut un bruit discontinu qui est celui du travail et de l’emploi. On sait ce que cela veut dire. À Saint-Aignan, la question du bruit est plus sensible, le bourg est en bout de piste. On s’arrange, on prie. À Trentemoult, les avions sont l’arme ultime contre l'embourgeoisement final et les projets du maire d’en faire l’Ibiza métropolitaine. En fait, le plus surprenant, c’est qu’aucune instance consistante de gestion du bruit ne soit apparue au grand jour dans toute cette zone.
Pas de débat, pas d’interlocuteurs.
Macache.
Pas de dévalorisation significative des logements dans toute cette zone.
Bamboleo, bambolea.
Porque mi vida, yo la prefiero vivir asi
Un turn-over important comme dans toute la périphérie aujourd’hui.
Au début des années 2000, en dépit du faible intérêt aux échelles supérieures, les maires de Bouguenais et de Saint-Aignan se saisissent des nouvelles normes et organisent la mise en place des indemnisations du Plan de gêne sonore pour les 1750 habitations retenues. Les mairies avancent l’argent, car on traîne dans la France d’en haut. En 2004, la conseillère générale de Bouguenais force la main à son assemblée, qui lui oppose le « devenir Notre-Dame-des-Landes ».
Insonoriser le collège de Bouguenais.
Le chantier est entièrement pris en charge par le produit de la taxe sur les nuisances aéroportuaires.
Le collège est insonorisé en 2010.
Les vols du dimanche, petits avions de tourisme bruyants et lents, une perception sociale désagréable du bruit des riches.
À la réunion publique du 5 mars 2013 contre le projet de nouvel aéroport, les habitants de Bouguenais ne se plaignent pas du bruit, mais de ce qu’on se moque d’eux, du bruit qu’ils subissent sans rien savoir de qui de quoi et des emplois menacés. C’est très différent.
Ce qui remue aussi les habitants, c’est le bruit routier.
Celui de la quatre-voies et de la rocade.
Il faut gagner les murs anti-bruit et la réduction des vitesses autorisées contre l’inertie routière galopante.
Au départ, rien n’est prévu.
Le bruit routier est livré brut de décoffrage.
Le bruit quotidien de la civilisation automobile.
La carte du bruit et des polluants atmosphériques, c’est le périphérique et les grands axes de l’agglomération.
En forte croissance dans cette couronne de la métropole.
L'énorme bruit routier, qui peu à peu est retiré du centre de Nantes, pour être rejeté dans les faubourgs et les couronnes urbaines extérieures.
Et la vie même.
Des caissons de basse aux mobylettes, les cris des enfants, la ballade des gens heureux.
Et puis des autocollants pro-AGO bleu horizon, dignes d’un salon due l’érotisme organisé par une Chambre de commerce et d’industrie, bien vite détournés.
Oui.
Change rien, je sens que ça vient.
Changement d’échelle.
Gentrification.
C’est en réalité au cœur de Nantes, dans la ville-centre, loin du coeur de gêne, que les porteurs de projets dénoncent le bruit des avions. Dans la tour de contrôle de l’éco-métropole attractive, on dissocie sans peine le mode de transport utile et sa conséquence désagréable.
On veut les avions, mais pas le bruit.
On veut la croissance, mais pas les nuisances de la croissance.
On a caché les pauvres et les voitures, on cachera bien les avions.
On délocalise la nuisance chez les paysans.
Et pour le moment, on gèle la bonne gestion de l’aéroport.
On attend la catastrophe.
Ultime argument des porteurs du projet.
Gouverner par la peur.
Plus sérieusement.
Les constats sont sévères.
Aucune interdiction des vols de nuit comme dans les grands aéroports urbains.
Trajectoires de descente en continu au dessus de l’agglomération toujours non opérationnelles malgré la forte réduction du bruit et des consommations.
Sens et trajectoires de décollage et d’atterrissage au petit bonheur de l’habitant.
Communication et médiation zéro.
Absence de multimodalité des modes de transport.
Absence de mise en cohérence avec les autres aéroports régionaux à faible trafic, notamment pour accommoder la saisonnalité des vols vacances.
Comment nommer cet effet paradoxal qui dit que les premiers soumis à la gêne sonore, socialement moins favorisés et attentifs au bassin d’emplois aéroportuaire et au risque de désindustrialisation, n’ont jamais manifesté collectivement, ni engagé d’actions consistantes contre l’aéroport ou même contre le bruit des avions
Que les moins gênés sont les plus favorisés socialement, qui ne travaillent pas dans ce bassin d’emplois et qui se plaignent le plus au nom de l’intérêt général.
Not In My Back Yard.
Effet NIMBY.
« Pas dans mon jardin. »
Va jouer plus loin.
L’effet NIMBY est souvent montré comme l’expression de l'égoïsme citoyen capable de bloquer la plupart des grands projets d’aménagement.
Le projet de transfert de Nantes Atlantique à Notre-Dame-des-Landes montre en réalité un effet NIMBY inversé ou à double échelle.
a) les riverains actuels ne réclament pas le départ de l’aéroport – pas d’effet NIMBY là où on l’attendrait, au plus fort de la nuisance sonore. Le risque majeur de désindustrialisation et de déstructuration des projets de vie est ici repéré. Effet Stay In My Back Yard – SIMBY.
b) les porteurs de projet réclament le départ de l’aéroport en dehors de l’aire métropolitaine – Effet NIMBY pro-actif. On ne veut pas assumer la croissance supposée des nuisances liées à la croissance de la métropole attractive. On met tout le fric dans le centre-ville, on chasse les avions. Out Of My Back Yard. Effet OOMBY.
Ou Put it In Their Back Yard - PITBY.
On sous-traite la gêne aux territoires ruraux
Là-haut, sur la ZAD, on serait sur une tendance LULU.
Locally Unpopular Land Use.
Tandis qu’à la Direction centrale des Renseignements généraux, à la Direction centrale du renseignement Intérieur et au Ministère de l’intérieur, on rêve de coincer BANANA.
Build Absolutely Nothing Anywhere Near Anything.


En 2011/20212, l’Association des compagnies aériennes régionales européennes décerne son trophée ERA Award du meilleur aéroport européen à Nantes Atlantique.
« Ce prix récompense l’aéroport pour sa politique de prix attractifs et sa démarche d’innovation, qui améliore son efficacité opérationnelle et la qualité des services délivrés aux passagers. »
Entrefilets dans la presse.
Ago-Vinci reçoit un trophée alors qu’il vient juste de récupérer les clefs de l’aéroport pour le fermer et construire l’autre.
Sincérité.
Attendre position de pouvoir.
N’en parlez pas.
Ne changez rien.
Faites le mort.
« Dans l’optique du transfert, nous sommes sur une logique d’optimisation de nos infrastructures. Pas sur des investissements lourds pour l'avenir. »


Optimisation possible des trajectoires en relation avec le territoire.
L’art de réduire les nuisances est un art difficile.
Comment dire.
Pouvez-vous au moins prévenir, informer, discuter, négocier, contractualiser.
Depuis les années quatre-vingt-dix, l’aéroport est administré à minima et la cohérence régionale transport à l’abandon, la multimodalité, un gros mot. Seule la croissance du trafic a été recherchée et c’est cela qui est récompensé en 2011/2012.
La farce consultative des Chartes de bonne conduite et de développement responsable.
Le bon élève de la compétition territoriale et du dumping social.
Le changement d’opérateur renforce cette cassure entre commerce, mercantilisme et bonne gouvernance urbaine de l’aéroport.
Entre forçage de l’attractivité et délaissement de ses effets sur l’urbain.
Parce que l’aérien est un métier avant d’être un moyen de transport, les pilotes sont ceux qui ont levé les doutes de certains habitants par leur connaissance experte de nombreux aéroports et leur compréhension comparative des logiques techniques et commerciales à l'œuvre, à l’intérieur de la boutique. C’est aussi par esprit de corps et conscience professionnelle que ces pilotes sont progressivement intervenus dans le débat.
Quelque chose comme.
Ne pas nous prendre, nous aussi.
Pour des imbéciles, des bolosses, des crevards.
Des inconscients, des chauffards, des dangers publics.
Des mercenaires, des taxis clandestins, des béni oui-oui.
Au fond, c’est cette manipulation produite par la métropole attractive que le Collectif des pilotes doutant fortement de la pertinence du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes a mis en cause depuis un point de vue technique, voire corporatif.
Les caves volants se rebiffent.
La parole est plurielle.
« Le projet tel qu’il est pensé démontre une méconnaissance significative du fonctionnement d’un aéroport, alors que toutes les compagnies aériennes européennes anticipent une baisse du trafic. »
« La dangerosité de l’actuel aéroport, un moment soulignée, relève surtout de l’agitation médiatique. Aucun constat sérieux ne l’a un instant indiquée, au regard de l’ensemble des références aéronautiques sur cette question sensible. Localement, les organismes de surveillance et de suivi sont adroits et efficaces, et l’Autorité de contrôle des nuisances aéroportuaires parfaitement opérationnelle à ce jour. De nouvelles techniques de survol ont été ébauchées par des ingénieurs de l’Aviation civile. Elles démontrent que nous pouvons envisager à moindre coût des améliorations significatives, dès lors que nous aurons dépassé le « syndrome Notre-Dame-des-Landes ». Celui qui semble actuellement nous dicter de ne rien faire à Nantes Atlantique puisque Notre-Dame-des-Landes pourrait être réalisé dans les années à venir…
Si dangerosité potentielle il y avait, que faire du principe de précaution, que l’on sait applicable à tout instant, qui imposerait de suspendre sine die l’activité de notre aéroport actuel ? »
Rembobine.
Novembre 1997, la mairie de Bouguenais publie un supplément à son magazine.
De Bouguenais à Notre-Dame-des-Landes, un transfert à haut risque.
Le premier document formel public de contre-expertise.
Il explique comment le Conseil général de Loire-Atlantique remet une première fois en scène le projet en 1990, avec d’autres collectivités, toutes de droite à l’époque, sauf la toute nouvelle direction du Syndicat intercommunal de l’agglomération nantaise. Il rapporte la proposition mort-née des rapporteurs du Sénat sur le troisième aéroport parisien de mars 1996. L'État veut son troisième aéroport parisien à proximité de l’agglomération capitale. Dès cette époque, il est clair que le transfert vers Notre-Dame-de-Landes doit être envisagé sans le concours financier de l'État. À postériori, on comprend que la privatisation paradoxale est déjà inscrite à l’encre invisible dans le devenir du projet NDDL.
Une privatisation sur fonds publics.
Suite du chamboule-tout.
Les concepts descriptifs de « Grand Ouest » et « d’Arc Atlantique » sont montrés pour ceux qu’ils sont, des fictions géographiques plus ou moins instrumentales, des éléments de langage du management territorial, l’un datant des années soixante et soixante-dix, l’autre des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix.
Le classement est même truqué.
Nantes Atlantique se révèle onzième et non neuvième aéroport français. Quelqu’un a retiré Bâle-Mulhouse et Antilles-Guyane de la liste. Tout ça, ça cause dialecte ou créole, c’est pas à tout à fait la France.
La mairie de Bouguenais enfin soumet une hypothèse qui prend corps dans les années deux mille : les porteurs du projet sont en réalité prisonniers du choix de la ZAD de 1974. Les terrains sont achetés, certes sans les études aujourd’hui nécessaires à la validation d’un projet d’utilité publique aient été menées. Mais, à quoi bon, puisque les terrains sont achetés.
Ce transfert, c’est une fuite en avant.
Pilotage par le passé.
Un coup parti.
Décideurs prisonniers d’eux-mêmes.
1996, paroles d’acteurs.
« Le successeur de Nantes Atlantique sera opérationnel entre 2007 et 2010. »
«  Ce sont les derniers travaux avant l’installation à Notre-Dame-de-Landes. »
« Ce n’est pas encore officiel, mais nous pouvons dire qu’il sera inscrit dans le schéma des aéroports publiés en 1997. »
1997, Nantes Passion.
« Il ne s’agira pas simplement d'un transfert, nous changerons d’échelle. »
En le déplaçant de vingt kilomètres.
Mars 2013, on s'affole au parti des passions tristes.
Nouveau tour de girouette.
Finalement, Nantes Atlantique ne fermera pas.
Airbus est au taquet, limite dans le jus.
Il faut fournir de la voilure pour la Chine.
On bosse, mec.
On paiera pour deux aéroports.
Ils paieront.
Mais qui ça, ils ?
C’est pas grave.
N’y pense plus.
« Cargo », entre les Samoa et la Nouvelle-Guinée.
En 1976, les auteurs de Dégage ! … On aménage ouvraient leur livre par une référence au culte du Cargo. Après l’intense activité de l’armée américaine pendant la seconde guerre mondiale, les acteurs de cette nouvelle religion océanienne simulent de faux aéroports pour attirer la marchandise et passent leurs commandes depuis de fausses cabines d’opérateur-radio.
« [Ils] ne pouvaient pas imaginer le système économique qui se cachait derrière la routine bureaucratique et les étalages des magasins, rien ne laissait croire que les Blancs fabriquaient eux-mêmes leurs marchandises. On ne les voyait pas travailler le métal ni faire les vêtements et les indigènes ne pouvaient pas deviner les procédés industriels permettant de fabriquer ces produits. Tout ce qu’ils voyaient, c’était l’arrivée des navires et des avions. »
Une approche paradoxale de la mondialisation la plus contemporaine.
Un monde comme si.
Comme si nous prenions l’avion sans avoir besoin d’aéroport.
Désir, marchandise et ignorance.
De gauche comme de droite, continuité du service public.
Désir, marchandise et ignorance.