La
répression est partout.
Partout
où est la ZAD.
La
ZAD est partout.
Un
lecteur policier demande.
[Starsky]
« Mais
qui sont ces zadistes sud-coréens rencontrés à
Dumulmeori ? Sont-ils comme les nôtres ? Des
anarcho-autonomes ? Des spécialistes de la guérilla
urbaine ? Des junkies ? Des moins-que-rien ? »
Son
collègue.
[Hutch]
« Sont-ils
surveillés comme les nôtres ? Sont-ils écoutés, espionnés,
photographiés, filmés ? Expulsés, bastonnés, trainés,
malmenés ? Menottés, dénigrés,
gazés ? »
Une
enquête comparative s’impose.
Envoyez
Huggy les bons tuyaux.
Statistiques.
Matériels.
Ambiances.
Objectifs.
Résultats.
Selon
les manifestants, la police française gagnerait aux points.
À
l’instant et dans cette catégorie.
Largement.
Comparaison
vaut-elle raison.
Mais
éloignons-nous de la police.
Elle
nous bouche la vue.
Un
trou noir.
Il
faut plutôt cultiver son jardin.
Dumulmeori
et Couëron.
Couëron.
Le
jardin collectif de Couëron, Loire-Inférieure.
Proche
Nantes.
Derrière
la zone commerciale Atlantis.
Dire
que le développement de celle-ci est fondée sur l’usage exclusif
de la voiture serait travestir les faits. Le tramway la dessert
habilement sur ses trois derniers arrêts faisant de cette zone un
extraordinaire partenariat public-privé, avant l’heure.
Leclerc,
Ikéa, MacDonald, Décathlon, Apple Store et cetera.
Cent
cinquante six enseignes, quarante deux restaurants.
« En
2008, la Ville de Saint-Herblain et la Commission Départementale
d'Équipement Commercial de Loire-Atlantique donnent leur accord pour
le projet d'agrandissement. »
C’est
la plus grande zone commerciale entre le méridien zéro et le
socialisme municipal.
Une
ville privée dans la ville de tous.
Une
histoire des années quatre-vingt, indéfiniment majorée.
Inauguration
de la dernière extension en novembre 2012.
Sourires
à la presse.
« Le
principal changement, c’est l’augmentation des parkings. »
Trois
mille six cents places.
Un
flux capable de générer son propre embouteillage interne, sa propre
paralysie.
Tramway.
Terminus
François Mitterrand.
[pas
de commentaires]
Marcher.
Quitter
la zone commerciale aux dimensions post-staliniennes, aux anneaux de
croissance pluri-annuels et extravagants, aux saturations
fétichistes, aux cultes consuméristes des différentes obédiences,
à l'addiction des grands élus qui ont tout autorisé de cette même
façon, aux quatre coins du périphérique nantais.
La
plus grande zone commerciale du monde, la plus grande maternité du
monde, le plus grand centre de marchandisation du monde.
Et
qui se gargarisent dans le même temps d’économie sociale et
solidaire.
Nantes
Capitale Marchandise Européenne 2013.
Continuer
au-delà de la zone industrielle, encore une voie rapide, un
rond-point. Une petite route.
On
marche dans le bocage relictuel, celui de notre enfance.
Les
années soixante-dix.
Des
bouts d’activité fossilisés, quelques pavillons, des corps de
ferme, un hameau. Des maraîchers productivistes qui avancent et
grignotent ce qui reste de campagne, à mesure que la bulle
immobilière s’étend depuis le centre de la métropole et les
pousse spéculativement dehors.
Marcher
encore.
Un
bout de contreplaqué peint dans une haie, un chemin à peine
carrossable, vous êtes arrivé.
En Corée, déjà, presque.
Le
rouge bêche, la joue sème.
Interstices.
« Aujourd’hui,
vendredi treize septembre après-midi, je suis retourné au jardin
collectif après une longue vacance que je mets au compte de ma
douloureuse aliénation par le travail. J’éprouve d’abord
quelque peine à retrouver le chemin de terre qui prend à côté des
énormes réservoirs en béton, aux enceintes grillagées, entre des
vieilles maisons isolées, quelques tenues maraîchères et des
pavillons péri-urbains bientôt rattrapés par la ville. Je tâtonne
dans cet espace indifférencié au premier abord. Visuellement,
enfin, je me laisse guider par mes souvenirs et j’aperçois la
petite caravane métallisée d’allure américaine qui valide mon
cheminement. De loin, déjà, des changements sont notables. Le
jardin a grandi. De près, c’est pareil, il s’est transformé. En
l’espace d’un peu plus d’une année, la parcelle non agricole
s’est densifiée. Une caravane, un mobil-home, un tipi, des
étagères de planches brutes dans le cabanon de bois qui sert à
entreposer récoltes et semences, des parpaings qui protègent une
portée de chiens née de quelques jours. »
Un
récit potager publié en 2008 aux éditions à la criée.
À cette époque, personne ne parle de ZAD dans les médias.
Elle est déjà là.
Ici
et là.
Quelque part.
Nulle part et partout.
Nulle part et partout.
Petite
et grande littérature du potager.
« La
violence de la tempête pourrait laisser croire que le lieu est vide
d’hommes comme le parking était vide de voitures avant mon
arrivée. Il n’en est rien. Tandis que j’approche de la cabane,
attentif à la multitude des sons que produit la tempête, la musique
du ciel qui efface tous les bruits de la péri-urbanité, je m’en
aperçois. La tempête transforme totalement le jardin. C’est un
interstice météorologique, une nouvelle fenêtre que le ciel ouvre
dans la réalité. Je me fais cette réflexion en marchant. Je suis
heureux d’être là dans la tempête quand d’autres sont au
bureau. De mémoire. Il faut rire sans attendre d’être heureux
de peur de mourir sans avoir ri.
La
tempête rit.
De
nous, d’elle-même et c’est drôle.
Il
faut rire avec elle. Elle rit à en pisser dans sa culotte. Le toit
de la cabane fuit, d’autres abris dans la parcelle menacent sinon
de s’envoler, du moins de s’affaler sous le poids du vent. Je
frappe à la porte et entre. Pascal revient des vendanges dans l’est.
Olivier dort et vit au jardin depuis plusieurs semaines. Il est deux
heures et demi. Les deux garçons me proposent de manger avec eux une
gamelle de légumes. Tandis que nous installons la table en évitant
les infiltrations venues du toit, nous apercevons une renault cinq
qui remonte à vive allure la route de terre et vient se garer devant
la cabane aux semences et aux légumes. C’est Paul, un paysan
retraité, qui est l’un des initiateurs du jardin collectif. Il
entre à son tour et se voit convié à partager ce pot au feu sans
viande. Il a déjà mangé comme moi, mais, tous deux, nous
partageons le repas commun. En même temps, je fais le café. »
- On
dirait une ZAD, brigadier, non ?
- Oui, caporal-chef, c’est même pas la peine de le dire.
« Aujourd’hui,
mercredi 27 novembre en soirée, je me rends dans le centre de
l’agglomération à une réunion du jardin collectif. L’atelier
alternatif de mécanique possède à l’étage plusieurs salles de
réunion prêtées régulièrement à des organisations ou
associations amies. Le premier étage de l’atelier est devenu
momentanément un prolongement du jardin collectif à deux pas de la
préfecture, un interstice potager dans l’hyper-centre urbain. Je
reconnais beaucoup de visages rencontrés au jardin et découvrent
d’autres personnes. Chacun a amené des fabrications. Je sors mes
galettes élaborées avec la farine de blé noir du jardin. La
recette pour cette deuxième fournée de galettes a été modifiée.
J’ai coupé le blé noir avec un peu de farine blanche, ajouté un
œuf, et bien sûr beaucoup d’eau et quelques giclées d’huile.
Il y a sur la table plusieurs pots de confitures de tomate verte.
Les arrivées sont échelonnées. Toutefois, nous commençons le
débat. Un tour de table permet à chacun de dire ce qu’est le
jardin pour lui, pourquoi il ou elle est venu(e) ce soir. Une
certaine parité, floue et naturelle, semble régner entre les sexes.
Ces réunions aussi parfaitement mixtes ne sont pas si fréquentes.
L’interstice potager s’attaque à la séparation socialement
construite des sexes.
Je
croise Pascal du foot qui se rend à une assemblée générale de la
LCR dans la salle d’à-côté. Nous sommes étonnés de nous
croiser là. Je me retiens, mais j’ai du mal.
-
Si tous les gars de la LCR se mettaient à jardiner, un beau
potager couvrirait les peaux de nos villes …
Le
tour de table est riche, univers sociaux, culturels, âges, désirs,
expériences et rythmes du jardin. Tout est mélangé. Des rancœurs,
témoins de désordres passés ou actuels, sont perceptibles.
Certains disent qu’ils se sont éloignés du jardin collectif car
leur projet personnel n’est plus en résonance. Mais les principes
sont rappelés sans cesse, les principes anticapitalistes - et les
mots même sont débroussaillés. Alors, si le jardin collectif est
un lieu de lutte par les principes qui le fondent, il est politique.
En cela, il n’est pas du tout prosélyte et ne ressemble pas à la
LCR assemblée dans la salle voisine, dont nous percevons de temps à
autre des éclats de rires. Le mot politique est un mot qu’il faut
potager, chérir, défendre, porter, aimer. Ainsi, les principes
politiques qui fondent le jardin sont-ils universels. C’est un
jardin extraordinaire certes, mais anticapitaliste absolument, et
cette vérité là, tout le monde finit par en convenir.
Les
derniers arrivés grignotent à leur tour les fabrications sur la
table. La parité autour de la table se double d’un incroyable
partage des savoirs et des saveurs. Hommes et femmes s’intéressent
également à la cuisine, aux recettes et aux intimités gustatives,
à leur énonciation. Dans cette société où les femmes mettent en
œuvre une cuisine de plus en plus préparée en usine et où les
grands hommes s’affublent du titre de chefs quand ils s’accaparent
l’art culinaire, cette cuisine, non pas asexuée, mais bi-sexuée,
m’étonne joyeusement.
Les
discussions s’éternisent, rapport aux tas de vaisselle qui
s’accumulent. C’est qu’il n’y a pas l’eau courante et il
faut faire chauffer l’eau, la tâche est longue. Rapport aussi à
l’entretien irrégulier de la parcelle et aux tas de bouteilles
vides laissées par les hôtes du jardin. Georges a rédigé un texte
de réflexion qu’il a photocopié et mis à disposition sur la
table de l’atelier. Il propose de formaliser quelques tâches, une
équipe technique du jardinage qui se réunirait toutes les semaines,
une autre équipe chargée des contacts avec l’extérieur, luttes,
initiatives, une assemblée générale mensuelle.
Quelqu’un
évoque les rythmes au travail. Paul, le paysan retraité, auréolé
de son savoir, est montré avec humour comme un stakhanoviste du bon
geste. Il s’en défend, expliquant simplement qu’on peut mettre
une ou dix heures pour désherber une plate-bande, selon la méthode
choisie. Certains, comme Magali ou Fred, affirment vouloir travailler
au rythme qu’ils souhaitent, au risque de la faible efficience. De
la même manière est évoqué le décalage entre les gens qui
viennent régulièrement au jardin et les autres. Rythmes, prises
d’initiatives, quantité de travail, difficultés à entrer dans le
jardin sans culpabilité. »
Une
ZAD dans ta tête.
Géodésique
animale.
Devenirs
pluriels
Le
pli.
« Visite
du tunnel plastique avec Dominique, les pois chiche faciles à
trouver, encore suspendus en bottes et les cacahuètes, disparues.
Nous prenons des légumes, derniers choux-fleurs, choux de Bruxelles
qu’il faut cueillir un par un, poireaux, betteraves.
Le
ciel est devenu bleu, puis il rougit de plus à plus, à l’ouest,
pressentant la nuit qui vient. Nous observons que le bruit de la
circulation automobile est particulièrement audible aujourd’hui
dans le jardin collectif. Le temps sans doute qui porte le bruit au
plus loin. Nous ne pouvons ignorer jardiner dans un interstice.
L’urbanisme encercle ce résidu paysan. À la nuit tombée, nous
nous réfugions dans la cabane. Et répétition de la semaine
précédente, arrivent Pascal et Paul. Ils reviennent de leurs
journée de travail chez un agriculteur. Dans un pré humide où les
bottes disparaissaient dans la boue, ils ont ramassé plusieurs
tonnes de betteraves. Pascal est frigorifié et crevé. Paul fait
l’article. La conversation démarre, mieux que le feu, qui fume de
tous les diables. Je sers le thé vert. Paul montre la chaîne
téléphonique qui vient d’être faite et qui est expérimentée le
soir même pour la prochaine réunion au jardin. Pascal renchérit et
sort quelques exemplaires du texte fondateur du jardin collectif,
plein de questions, de doutes, d’incertitudes et d’impasses. Et
pourtant, quatre ans après, le jardin existe concrètement et
extra-ordinaire, tout à fait différent dans son esprit, sa forme et
sa matérialité des jardins dits familiaux ou ouvriers que l’on
trouve dans l’agglomération. »
Il
a maintenant plus de dix ans.
Il
est menacé par la pression foncière, maraîchère, municipale,
métropolitaine.
C’est
un vrai jardin, extraordinaire, beau et nourricier, socialement
convergent, mixte, biologique, qui n’a pas coûté un centime à la
puissance publique et qui a jamais communiqué, refusant même
longtemps de faire savoir son existence autrement que par le bouche à
oreille.
Des
textes théoriques ont été écrits ici ou là, dans le jardin. Des
livres et des photocopies circulent. On
lit, on parle, on écoute la radio, on la fait.
« Notre
existence repose avant toute chose sur un refus radical d’un
système de domination mondialement répandu que nous nommons comme
étant le capitalisme. Parce que nous le subissons de manière
contraignante, nous estimons que le capitalisme est l’idéologie de
l’erreur. À cette erreur, nous voulons proposer un chemin de
créativité garant de notre autonomie. Nous savons que cette
idéologie ne peut vivre sans ses corollaires que sont l’état, le
pouvoir, l’autoritarisme, l’argent, l’armée, la xénophobie,
l’homophobie, le sexisme… et la liste n’est pas exhaustive.
Comme moyen de lutte, le jardin collectif favorise les débats
d’idées prompts à éradiquer ce système de violences
permanentes. »
- Définitivement, il y a de la ZAD
là-dedans, brigadier.
« Depuis
des siècles, l’esprit du monde a dû s’accommoder à l’idée
de rivalité permanente entre les membres d’une même communauté.
Cette notion de compétition est tellement ancrée dans notre schéma
mental que le simple fait de partager la gestion de sa destinée avec
d’autres en ne lésant personne peut sembler anachronique si ce
n’est incongru pour nombre des gens que nous côtoyons
quotidiennement. C’est en cela qu’un jardin collectif, loin
d’être une expérience passagère peut devenir un des principaux
rouages d’une transformation sociale tant attendue (ou tant
redoutée par d’autres). Notre vision du jardin collectif est celle
d’un lieu où la démocratie directe est mise en acte.
L’exécution
de ce processus de libération doit nous permettre de nous
débarrasser de toutes sortes de chefferies qui sapent l’objectif
d’une harmonie relationnelle, économique et sociale. Ce point est
primordial car notre plus grand ennemi c’est souvent nous-mêmes.
L’ego humain est parfois si puissant qu’il facilite notre propre
perte, mais également celle de notre projet de société (quel
est-il ?). Un jardin collectif est donc un excellent moyen de
devenir ce que nous n’avons jamais été, c’est-à-dire nous
mêmes. »
- Ou bien il y a
plutôt un peu de ce jardin dans la ZAD, caporal-chef.
« Parce
que le monde dans lequel nous vivons est ultra-complexe dans ses
structures socio-économiques autant que politiques, il serait désuet
de croire qu’un Grande Révolution, le Grand Soir, pourrait mettre
un terme du jour au lendemain à ce grand désordre mondial que nous
vomissons. Non, ce n’est qu’un rêve inaccessible dû au fait que
personne n’est véritablement prêt pour cela. Par contre, le
jardin collectif participe à une gradualité révolutionnaire qui
porte plus le sens de notre désir d’un monde différent. Apprendre
et voir naître le monde de demain que nous voulons dès aujourd’hui
est beaucoup plus formateur.
Comprendre
la cause de nos esclavages quotidiens pour en éradiquer les effets
un par un, pas à pas, jour après jour, est le réel motif
existentiel du jardin collectif.
En
somme, c’est vers une plus grande justesse d’esprit que notre
cheminement doit s’ouvrir. »
Dumulmeori.
Une autre Corée est
possible.
Jardin collectif de
Couëron.
Une vue apaisée
dans la cabane du jardin.
À l’ombre des
feuillages.
Un homme âgé jeune. Les années qui lui restent à vivre. La
question n’est pas là. Vivre. Un bout de récit
oralisé. Paul et Denise : l’ouest, le vrai.
« Je peux pas
supporter que y a des gens qui avec leur pouvoir ou leur argent, eh
bien, conditionnent tout le monde. Je peux pas le supporter, çà. »
« On voulait
que notre vie, on la prenait nous-mêmes en charge, quoi. Et on a
toujours choisi quand on avait un choix entre deux catégories, on a
toujours choisi ceux qui voulaient être autonomes vis à vis de
leurs choix de vie. »
« J’ai eu
des détails de Braud-Saint-Louis, c’est une centrale nucléaire. Y
a eu quarante-mille « non » et y a eu dix « oui »,
pour la centrale. Eh, bien, le commissaire-enquêteur, il a donné
autorisation, tu vois, dans l’enquête publique, eh bien, là, ça
nous révolte. Et puis, là, en nous, on accepte pas qu’ils nous
prennent pour, pour des pantins et on veut faire autre chose, et là,
ça nous oblige à passer à une phase supérieure. On a les méthodes
non-violentes de désobéissance, ça veut dire quand ils veulent
qu’on va pas à une manif, qu’on va pas à un endroit, ben, on y
va volontairement, ou des fois quand y viennent sur le terrain, ben,
c’est de les chasser. Dire, on se couche tous devant la voiture, et
puis elle avance pu, devant un tractopelle, il avance pu jusqu'à ce
qu’y nous déblayent et ça c’est la résistance. Et on occupe
les maisons. On y va d’dans des maison qui sont vides, qui sont, on
y va d’dans pour dire, on est là, on bouge pas, on sortira que par
la force. »
« La lutte est
arrivée au Pellerin en 77, et là, y a eu un projet de centrale
nucléaire. Un beau matin, à cinquante personnes, on a envahi la
mairie, auquelle y avait un gendarme qui gardait le dossier. C’était
l’enquête publique dans une trentaine de communes autour. Et puis
là, on a arraché l’enquête, on l’a coupée, on a été
l’brûler sur la place publique, quoi, devant les gendarmes, devant
toute la population. Même la population participait. Alors, ça a
été très bon, donc, alors, le lendemain matin, y a eu cinq
personnes d’arrêtées à six heures du matin. Bon, j’étais dans
le lot et puis là, on a attrapé six mois de prison ferme pour avoir
brûler ce dossier, quoi. Y nous ont gardés, ça été une défaite
pour le pouvoir. Ça a été une mobilisation à Couëron, au
Pellerin et tout, une mobilisation. Le lendemain qu’on était en
prison, un autre dossier brûle à Saint-Jean-de-Boiseau, un autre
après à Bouée et puis, à Nantes, ben y avait tous les soirs une
manifestation quand on était en prison, alors si bien qu’au bout
de trois jours, y nous ont emmenés à Rennes. Et puis à Rennes, ça
c’est passé quinze jours après, trois semaines, j’crois, puis
là on a été relaxés. La raison pourquoi qu’on y était et qu’on
luttait, j’étais aussi bien qu’à Nice ou sur la Côte d’Azur,
dans une propriété, même dans la prison de Rennes, pourtant on
était bien séquestrés, mais je l’ai très bien vécu de
l’intérieur parce que je savais pourquoi j’y étais. »
« C’qu’on
vit nous déjà dans le cadre qu’on a vécu, l’entente avec les
voisins, l’entente dans des actions, dans des collectifs, l’entente
au jardin, bien, on vit déjà la vie qu’on souhaite à tout le
monde. On la vit déjà, on participe, on en bénéficie, on a un
bonheur immense et c’est ce bonheur qu’on voudrait que tout le
monde partage dans des conditions comme nous. Mais c’est pas
utopique de le faire dès aujourd’hui, je l’ai fait depuis trente
ans et j’espère que les années qui me restera à vivre, eh bien,
j’arriverais à vivre pareil et, pour moi, c’est déjà le
bonheur. »
Dumulmeori.
Bouchon, boulot,
retraite, caveau.
Vive la
quatre-voies !
Une autre nécropole est possible.
Mourir en dégageant un bénéfice.